L’Encyclopédie/1re édition/CANOPE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 620).
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* CANOPE, s. m. (Myth.) dieu des Egyptiens, dont Suidas raconte ainsi l’origine : il s’éleva, dit-il, un grand différend entre les Egyptiens, les Chaldéens, & les autres peuples voisins, sur la primauté de leurs dieux ; après bien des contestations il fut arrêté qu’on les opposeroit les uns aux autres, & que celui qui resteroit vainqueur seroit reconnu pour souverain. Or les Chaldéens adoroient le feu, qui eut bientôt dévoré les dieux d’or, d’argent, de pierre, & de bois qu’on lui exposa ; & il alloit être déclaré le maître des dieux, quand un prêtre de Canope, ville d’Égypte, s’avisa de prendre une cruche de terre, qui servoit à la purification des eaux du Nil, d’en boucher les trous avec de la cire, de la remplir d’eau, & de la placer sur la tête du dieu de Canope, qui devoit lutter contre le feu. A peine le dieu de Canope fut-il sur le feu, que la cire qui bouchoit les petits trous du vase s’étant fondue, l’eau s’écoula, éteignit le feu, & que la souveraineté sur les autres dieux fut acquise au dieu de Canope, grace à l’invention de son ministre. On raconte la chose d’une autre maniere, qui est un peu plus honorable pour le dieu, & où la prééminence fut une suite toute simple de ses qualités personnelles. On dit que le dieu même étoit représenté sous la forme d’un vase percé d’une infinité de petits trous imperceptibles, du milieu duquel s’élevoit une tête d’homme ou de femme, ou de chien, ou de bouc, ou d’épervier, ce qui ne laisse au ministre que le mérite d’avoir bouché avec de la cire les petits trous de la divinité.