L’Encyclopédie/1re édition/CENT-SUISSES

La bibliothèque libre.
Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 830).
◄  CENTRINE

* CENT-SUISSES, s. m. pl. (Hist. mod.) partie de la garde du Roi commandée par un capitaine qui a sous lui deux lieutenans, l’un François, & l’autre Suisse. Dans les jours de cérémonie leur capitaine marche devant le Roi, & le capitaine des gardes du corps derriere. Au sacre le capitaine & les lieutenans sont vêtus de satin blanc, avec de la toile d’argent dans les entaillures, & les suisses ont des casaques de velours. Cette milice a des juges de sa nation, & joüit des mêmes priviléges que les sujets nés du royaume : elle est exempte de toute imposition ; & ce privilége s’étend aux enfans & aux veuves. Voici l’ordre de sa marche. 1. Le capitaine ; 2. les deux lieutenans ; 3. le premier sergent ; 4. quatre trabans pour la défense particuliere du capitaine ; 5. les caporaux ; 6. les anspessades ; 7. les tambours ; 8. les mousquetaires ; 9. deux trabans pour la défense de l’enseigne ; 10. deux tambours ; 11. l’enseigne ; 12. les piquiers ; 13. les mousquetaires de la seconde marche ; 14. les sous-lieutenans à la queue de la compagnie ; 15. les autres sergens sur les ailes. Ils sont appellés cent-suisses, parce qu’ils forment une compagnie de cent hommes. Le P. Daniel prétend que cette compagnie est une garde militaire du Roi. En effet, les cent-suisses vont à la tranchée dans les siéges que le Roi fait en personne : alors au lieu de la hallebarde, leur arme ordinaire, ils prennent le fusil. Les Suisses commencerent en 1481 à être à la solde du Roi, à la place des francs-archers établis par Charles VII. Louis XI. les retint à la recommandation de son pere, & en prit une compagnie pour la garde ordinaire de sa personne. Cette compagnie fut confirmée dans cette fonction par Charles VIII. en 1496 : le capitaine qui la commande a le titre de capitaine-lieutenant. Voyez l’Etat de la France, l’Histoire de la Milice Françoise par le P. Daniel, & l’Abrégé chronologique de M. le président Hénaut.