L’Encyclopédie/1re édition/CEURAWATH

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 871).
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CEURAWATH, s. m. (Hist. mod.) nom d’une secte de Benjans, dans les Indes, si infatués de l’opinion de la métempsycose, qu’ils respectent les moindres insectes. Leurs bramines ou prêtres ont toûjours la bouche couverte d’un voile, de peur d’avaler quelque mouche ; & ils ont également soin en allumant de la chandelle ou du feu dans leurs maisons, que nul papillon ou moucheron ne vienne s’y brûler, & de faire bouillir l’eau avant que de la boire, de peur qu’elle ne contienne quelques insectes. Du reste il n’admettent ni peines ni recompenses après cette vie, dont les évenemens, selon eux, ne dépendent point de Dieu. Ils brûlent les corps des vieillards, & enterrent ceux des enfans décédés au-dessous de trois ans. Leurs veuves ne sont point obligées de se brûler avec leurs maris, suivant l’usage du pays, pourvû qu’elles gardent une viduité perpétuelle. Tous ceux qui font profession des sentimens de cette secte, peuvent être admis à la prêtrise, même les femmes, pourvû qu’elles ayent atteint l’âge de vingt ans ; car pour les hommes on les y reçoit dès celui de neuf. Ceux qui sont ainsi engagés dans le sacerdoce, doivent faire vœu de chasteté, porter un habit particulier, & pratiquer des austérités incroyables. Tous les autres docteurs Indiens ont beaucoup de mépris & d’aversion pour cette secte, qui ne demeure pas apparemment en reste avec eux, & défendent à leurs auditeurs d’avoir communication avec les Ceurawath, qui ne donnent pas sans doute à ceux qui les écoutent, bonne opinion du commerce de leurs adversaires. Les mêmes passions produisent partout les mêmes effets. (G)