L’Encyclopédie/1re édition/CHAT (architecture militaire)
CHAT, s. m. (Archit. milit.) espece de tour de Bois qui servoit anciennement dans ce royaume, à porter des soldats en sureté pour assiéger des places.
Nous apprenons de Froissart, de Joinville, & de quelques autres historiens, qu’avant la découverte de la poudre & l’usage des canons, on se servoit pour s’approcher des villes assiégées de certaines machines faites en forme d’une tour à plusieurs étages, d’où les soldats tiroient leurs fleches à ceux qui gardoient les remparts : ces tours s’appelloient des chats ; c’étoit proprement des galeries couvertes que l’on approchoit des murs de la ville ennemie pour les renverser, comme le dit Guillaume le Breton en ces termes :
Hunc faciunt reptare catum, tectique sub illo
Suffodiunt murum.
Pour défendre le chat on élevoit devant, derriere, & aux côtés d’autres machines, qui recevant les pierres & les feux des assiégés, mettoient à couvert celle-ci, qui ainsi soutenue, se nommoit chat-chatel, c’est-à-dire chat fortifié d’un château.
Comme on nommoit chat-faux ces machines de défense, on a appellé dans la suite échafaux toutes les machines de bois que l’on éleve sur des piliers de bois pour voir de plus loin, & voilà l’origine de notre mot échafaud.
Nous trouvons dans le recueil des pieces concernant l’histoire de Bourgogne par M. Pérard, un acte de 1403, où il est dit que le maire de Dijon fit élever « un chatfaut de bois, & au pied d’icelui un feu, auquel chatfaut a été monté Poncet de Soulier condamné pour ses démérites à ardoir. » (D. J.)