L’Encyclopédie/1re édition/CHIRURGIE

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CHIRURGIE, s. f. (Ord. encyclop. Entend. Rais. Philosoph. ou Science, Science de la nat. Physiq. Physique particul. Zoolog. Medec. Thérapeutiq. Chirurgie.) science qui apprend à connoître & à guérir les maladies extérieures du corps humain, & qui traite de toutes celles qui ont besoin pour leur guérison, de l’opération de la main, ou de l’application des topiques. C’est une partie constitutive de la Medecine. Le mot de Chirurgie vient du Grec χειρουργία, manualis operatio, opération manuelle, de χείρ, manus, main, & de εργον, opus, opération. Voyez .

Les maladies extérieures ou chirurgicales sont ordinairement rangées sous cinq classes, qui sont les tumeurs, les plaies, les ulceres, les fractures, & les luxations. Voyez les principes de Chirurgie de M. Col de Villars, & chacun de ces mots dans ce Dictionnaire.

« Selon M. Chambers, la Chirurgie a sur la Medecine interne l’avantage de la solidité dans les principes, de la certitude dans les opérations, & de la sensibilité dans ses effets ; de façon que ceux qui ne croyent la Medecine bonne à rien, regardent cependant la Chirurgie comme utile.

« La Chirurgie est fort ancienne, & même beaucoup plus que la Medecine, dont elle ne fait maintenant qu’une branche. C’étoit en effet la seule Medecine qu’on connût dans les premiers âges du monde, où l’on s’appliqua à guérir les maux extérieurs avant qu’on en vînt à examiner & à découvrir ce qui a rapport à la cure des maladies internes.

« On dit qu’Apis roi d’Egypte, fut l’inventeur de la Chirurgie. Esculape fit après lui un traité des plaies & des ulceres. Il eut pour successeurs les philosophes des siecles suivans, aux mains desquels la Chirurgie fut uniquement confiée. Pythagore, Empedocles, Parmenide, Démocrite, Chiron, Peon, Cléombrotus qui guérit l’œil d’Antiochus, &c. Pline rapporte, sur l’autorité de Cassius Hemina, que Arcagathus fut le premier chirurgien qui s’établit à Rome ; que les Romains furent d’abord fort satisfaits de ce vulnerarius, comme ils l’appelloient ; & qu’ils lui donnerent des marques extraordinaires de leur estime : mais qu’ils s’en dégoûterent ensuite, & qu’ils le nommerent alors du sobriquet de carnifex, à cause de la cruauté avec laquelle il coupoit les membres. Il y a même des auteurs qui prétendent qu’il fut lapidé dans le champ de Mars : mais s’il avoit eu ce malheureux sort, il seroit surprenant que Pline n’en eût point parlé. Voyez Pline, hist. nat. liv. II. ch. j.

« La Chirurgie fut cultivée avec plus de soin par Hippocrate, que par les medecins qui l’avoient précédé. On dit qu’elle fut perfectionnée en Egypte par Philoxene, qui en composa plusieurs volumes. Gerzias, Sostrates, Heron, les deux Appollonius, Ammonius d’alexandrie, & à Rome Triphon le pere, Evelpistus, & Meges, la firent fleurir chacun en leur tems.

« M. Wiseman, chirurgien-major du roi d’Angleterre Charles II. a composé un volume in-fol. qui contient des observations-pratiques de plusieurs maladies, soit internes, soit externes, concernant chaque branche de cet art, & faites par lui-même sous le titre de différens traités de Chirurgie. Cet ouvrage a été suivi jusqu’à présent en Angleterre ; & depuis qu’il a été publié en 1676, il a servi de fondement à plusieurs autres traités de Chirurgie.

« La Chirurgie se divise en speculative & en pratique, dont l’une fait réellement ce que l’autre enseigne à faire ».

La théorie de la Chirurgie doit être distinguée en théorie générale, & en théorie particuliere.

La théorie générale de la Chirurgie n’est autre chose que la théorie ou la science de la Medecine même. Cette théorie est unique & indivisible dans ses parties ; elle ne peut être ni sûe ni appliquée qu’autant qu’on en possede la totalité. La différence qui se trouve entre la Medecine & la Chirurgie, se tire uniquement de leur exercice, c’est-à-dire, des différentes classes de maladies, sur lesquelles chacune d’elles s’exerce. La Chirurgie possede toutes les connoissances, dont l’assemblage forme la science qui apprend à guérir : mais elle n’applique cette science qu’aux maladies extérieures. L’autre, c’est-à-dire la Medecine, possede également cette science ; mais elle n’en fait l’application qu’aux maladies intérieures : de sorte que ce n’est pas la science qui est divisée, mais seulement l’exercice.

En envisageant avec la moindre attention l’objet de ces deux arts, on voit qu’ils ne peuvent avoir qu’une théorie commune. Les maladies externes qui font l’objet de la Chirurgie, sont essentiellement les mêmes que les maladies internes qui font l’objet de la Medecine ; elles ne different en rien que par leur position. Ces objets ont la même importance, ils présentent les mêmes indications & les mêmes moyens de curations.

Quoique la théorie de la Medecine & de la Chirurgie soit la même, & qu’elle ne soit que l’assemblage de toutes les regles & de tous les préceptes qui apprennent à guérir, il ne s’ensuit pas que le medecin & le chirurgien soient des êtres que l’on puisse ou que l’on doive confondre. Un homme qu’on supposera pourvû de toutes les connoissances théoriques générales, mais en qui on ne supposera rien de plus, ne sera ni chirurgien ni medecin. Il faut pour former un medecin, outre l’acquisition de la science qui apprend à guérir, l’habileté d’appliquer les regles de cette science aux maladies internes : de même si on veut faire un chirurgien, il faut qu’il acquierre l’habitude, la facilité, l’habileté d’appliquer aussi ces mêmes regles aux maladies extérieures.

La science ne donne pas cette habileté pour l’application des regles ; elle dicte simplement ces regles, & voilà tout : c’est par l’exercice qu’on apprend à les appliquer, & par l’exercice sous un maître instruit dans la pratique. L’étude donne la science ; mais on ne peut acquérir l’art ou l’habitude de l’application des regles, qu’en voyant & revoyant les objets : c’est une habitude des sens qu’il faut acquérir ; & ce n’est que par l’habitude de ces mêmes sens, qu’elle peut être acquise.

L’Anatomie, la Physiologie, la Pathologie, la Seméiotique, l’Hygiene, & la Thérapeutique, sont en Chirurgie comme en Medecine, les sources des connoissances générales. L’Anatomie développe la structure des organes qui composent le corps humain. La Physiologie en explique le jeu, la méchanique, & les fonctions ; par elle on connoît le corps humain dans l’état de santé. On apprend par la Pathologie, la nature & les causes des maladies. La Seméiotique donne la connoissance des signes & des complications des maladies, dont le chirurgien doit étudier les différens caracteres. L’Hygiene fixe le régime de vie, & établit les lois les plus sages sur l’usage de l’air, des alimens, des passions de l’ame, des évacuations, du mouvement & du repos, du sommeil & de la veille. Enfin la Thérapeutique instruit le chirurgien des différens moyens curatifs ; Il y apprend à connoître la nature, la propriété, & la façon d’agir des médicamens, pour pouvoir les appliquer aux maladies qui sont du ressort de la Chirurgie.

Toutes ces connoissances, quelques nécessaires qu’elles soient, sont insuffisantes ; elles sont la base de la Medecine & de la Chirurgie, mais elles n’ont pas une liaison essentielle avec ces deux sciences, c’est-à-dire, une liaison qui ne permette pas qu’elles en soient séparées : elles ne sont véritablement liées avec l’art, que lorsqu’il s’est élevé sur elles comme sur ses fondemens. Jusque-là ces connoissances ne doivent être regardées que comme des préludes ou des préparations nécessaires : car des hommes curieux peuvent s’orner l’esprit de connoissances anatomiques, par exemple, sans atteindre à la Chirurgie ni à la Medecine ; elles ne forment donc point ni le medecin ni le chirurgien ; elles ne donnent donc aucun titre dans l’exercice de l’art.

Outre les connoissances communes dont nous venons de parler, il faut que le chirurgien dans la partie de la Medecine qu’il se propose d’exercer, acquierre un talent particulier : c’est l’opération de la main qui suppose une longue suite de préceptes & de connoissances scientifiques. Il faut d’abord connoître la façon & la nécessité d’opérer, le caractere des maux qui exigent l’opération, les difficultés qui naissent de la structure des parties, de leur action, de l’air qui les environne ; les regles que prescrivent la cause & les effets du mal ; les remedes que ce mal exige ; le tems fixé par les circonstances, par les lois de l’œconomie animale, & par l’expérience ; les accidens qui viennent troubler l’opération, ou qui en indiquent une autre ; les mouvemens de la nature, & son secours dans les guérisons ; les facilités qu’on peut lui préter ; les obstacles qu’elle trouve dans le tems, dans le lieu, dans la saison, &c. Sans ces préceptes détaillés, on ne formeroit que des opérateurs aveugles & meurtriers.

Ces connoissances si nécessaires pour conduire la main, ne renferment pas toutes celles qui forment le chirurgien. L’opération dont elles sont la regle, & qui frappe le plus le vulgaire, n’est qu’un point dans la cure des maladies chirurgicales. La connoissance des cas qui l’exigent, les accidens qui la suivent, le traitement qui doit varier selon la nature & les différences de ces accidens : tous ces objets sont les objets essentiels de la Chirurgie. Qu’il se présente, par exemple, une fracture accompagnée d’une plaie dangereuse ; la réduction, quoique soûvent très-difficile, n’est qu’une très-petite partie du traitement de cette maladie : les inflammations, les étranglemens, la gangrene, les dépôts, les suppurations, les fontes excessives, la fievre, les convulsions, le délire ; tous ces accidens qui surviennent si souvent, demandent des ressources beaucoup plus étendues que celles qui sont nécessaires pour réduire les os à leur place naturelle. Un exercice borné, la connoissance de la situation des parties, l’industrie, & l’adresse, suffisent pour replacer des os. Mais des lumieres profondes sur l’œconomie animale, sur l’état où sont les parties blessées, sur les changemens des liqueurs, sur la nature des remedes, sont à peine des secours suffisans pour remédier aux accidens qui suivent ces fractures. Les connoissances spéculatives communes n’offrent que des ressources foibles & insuffisantes dans ces cas. Il est une théorie particuliere, puisée dans la pratique de l’art ; cette théorie qui est, si l’on ose le dire, une expérience éclairée & refléchie, peut seule prescrire une conduite utile dans les cas épineux. Toute spéculation qui n’est pas sortie du fond de l’art, ne sauroit être une regle dans l’exercice de cet art. L’expérience est la source des principes solides ; & toutes les connoissances qui ne seront pas puisées dans l’exercice, ou vérifiées par une pratique refléchie, ne pourront être que de fausses lueurs capables d’égarer l’esprit. (Y)

Voici une notice des auteurs les plus célebres en Chirurgie, qui nous a été communiquée par M. le chevalier de Jaucourt.

Il ne s’agit pas ici seulement des auteurs sur les principes de l’art, tels que sont les suivans.

Carlii (Joh. Sam.) elementa chirurgica ; Budinga, 1717, in-8°.

Cantarini (Angeli) Chirurgica accommodata al uso scolaresco ; in Padua, 1715, in-8°.

Banier (Henric.) methodical introduction for the surgery ; London, 1717, 8°.

Dubon (Claude) idée des principes de Chirurgie ; Dresde, 1734, in-8°.

Marque (Jacques de) méthodique introduction à la Chirurgie ; Paris, 1631, in-8°.

La Faye (G.) principes de Chirurgie ; Paris, 1746, in-12.

Un seul de ces livres suffit à un commençant, & le dernier sur-tout, que je trouve le meilleur. Mais mon but est d’indiquer les principaux ouvrages généraux de Chirurgie d’entre les anciens & les modernes, que doivent étudier les gens curieux de s’instruire à fond, & de se perfectionner dans un art si nécessaire. Voici ceux qu’ils ne peuvent se dispenser de bien connoître.

Ægineta (Pauli) opera, &c.

Cet auteur vivoit dans le vij. siecle, & est un des exemples que le caprice & le hasard ont une grande part dans l’établissement des réputations : il n’a point été estimé ce qu’il valoit, pour n’avoir pas été lû par des gens capables d’apprétier le mérite : car il n’appartient qu’aux artistes habiles de parler des secrets de l’art ; & ce don n’est rien moins que prodigué par la nature. Au reste Paul d’Egine traite dans son sixieme livre des opérations chirurgicales, & c’est peut-être le meilleur abregé de Chirurgie que l’on ait eu avant le rétablissement des Sciences & des Arts.

La premiere édition Greque de ses ouvrages est celle d’Aldus, à Venise en 1528, fol. Parmi les éditions Latines, celle de Lyon en 1589, in-8°. est accompagnée de notes, & mérite la préférence sur toutes les autres de ce genre.

Ætii (Amideni) opera, &c.

On croit qu’Ætius, natif d’Amida, vécut au commencement du v. siecle. Tout ce que nous savons de sa vie, c’est qu’il voyagea en Egypte. Sa crédulité faisoit peu d’honneur à son génie. Quoique ses ouvrages regardent principalement la Medecine, il y traite cependant de quelques maladies chirurgicales. Ses huit premiers livres ont paru en Grec à Venise en 1534, in-fol. Janus Cornarius traduisit tout Ætius en Latin, & publia sa traduction à Bâle en 1542, fol. Il est dans la collection d’Henri Etienne, imprimée à Paris en 1567, fol.

Cauliaco (Guido de) Chirurgica tractatus septem ; Venet. 1490, in-fol. 1519, 1546 ; en Hollandois à Amst. 1646, in-4°. Lugd. 1572, in-8°. 1585 avec les corrections de Joubert. Ed. Opt.

Guy de Chauliac, natif de Montpellier, où il professa long-tems la Medecine & la Chirurgie, est un des premiers restaurateurs de l’art : il fut comblé d’honneurs & de richesses par le pape Clément VI. de même que par ses successeurs Innocent VI. & Urbain V. Il composa sa grande Chirurgie en 1363, & la réduisit en système. Joubert la traduisit en François sous ce titre : La grande Chirurgie de Guy de Chauliac, restituée par L. Joubert ; Tournon, 1598, in-8°. On peut y joindre l’ouvrage de Ranchin, intitulé Question sur la Chirurgie de Guy de Chauliac ; Lyon, 1627, 2 t. in-8°. Mais ceux qui desireront Guy de Chauliac en abregé, se serviront de celui de Verduc ; Paris, 1704, in-12 ; 1716, in-12.

Celsi (Aurel. Cornel.) de re medicâ, lib. octo.

Cet auteur célebre qui fleurissoit à Rome du tems de Tibere, de Caligula, de Claude, & de Néron, est si connu par la bonté de sa doctrine, & les graces de son style, qu’il seroit superflu de le recommander. La premiere édition de ses œuvres fut faite à Florence en 1478, in-fol. & l’une des plus jolies éditions modernes est celle de Almeloveen ; Amst. 1713, in-8°. ou celle de Morgagni, Pat. 1722, in-8°. le septieme & le huitieme livre ne traitent que de la Chirurgie.

Chirurgiæ scriptores optimi veteres & recentiores in unum conjuncti volumen, operâ (Conr.) Gesneri ; Tiguri 1555, in-fol cum fig.

Gesner a rassemblé dans cette collection divers traités de Chirurgie, qui auroient peut-être en partie péri sans lui ; tels sont Brunus, Roland, Théodorie, Lanfranc, Bertapalia, Salicet, &c. mais Uffembach donna dans la suite une autre collection encore plus considérable ; savoir, des œuvres de Paré, de Tagault, de Hollier, de Bolognini, de Blondi, de Fabrice, de Hilden, &c. le tout sous le titre suivant : Thesaurus Chirurgiæ continens præstantissimorum autorum opera Chirurgica ; Francof. 1610, in-fol.

On dit qu’on conserve à Florence dans la bibliotheque de S. Laurent un manuscrit Grec écrit sur du vélin, qui contient la Chirurgie ancienne d’Hippocrate, de Galien, d’Asclépiade, d’Apollonius, d’Ar. chigene, de Nymphodore, d’Héliodore, de Dioclès, de Rufus d’Ephese, d’Apollodore, &c. Si cela est, ce manuscrit peut passer pour un thrésor en ce genre, qui mériteroit bien de voir le jour ; nous aurions alors une connoissance exacte de la Chirurgie ancienne & de la moderne.

Cruce (Johan. Andr. à) Venetus. Chirurgia universalis opus absolutum, cum fig.

C’étoit un très-habile homme dans son art. La premiere édition de sa Chirurgie parut à Venise en 1573, fol. la deuxieme en 1596, fol. qui est très-belle, & avec figures ; & la troisieme en Italien, avec des augmentations, en 1605, fol. fig.

Dionis (Pierre) cours d’opérations de Chirurgie.

C’est un des bons abregés modernes. La premiere édition parut à Paris en 1707 ; la seconde à Bruxelles, 1708, in-8°. la troisieme en Allemand à Ausbourg, 1722, avec des corrections & des augmentations d’Heister ; enfin la quatrieme à Paris, 1740, in-8°. avec des notes de M. de la Faye.

Fabricii (Hyeron. ab Aquapendente) opera Chirurgica, &c.

Cet illustre anatomiste a enrichi la Chirurgie de plusieurs belles observations, de nouveaux instrumens, & d’une meilleure méthode pour quelques opérations. Né en 1537 à Aquapendente, de parens très-pauvres, il succéda à son maître Fallope, exerça l’Anatomie pendant cinquante ans, fut fait chevalier de S. Marc par la république de Venise, & mourut à Padoue comblé de gloire en 1619, âge de quatre-vingts-deux ans. Sa Chirurgie a été imprimée séparément en Latin, Venet. 1619, fol. Franc. 1620, in-8°. en Hollande en 1647, 1666, & 1723, in-fol. en François à Roüen en 1658, in-8°. en Allemand, Norimb. 1716, in-4°.

Fallopii (Gabriel) Chirurgia, Venet. 1571, in-4°. Francof. 1637, in-4°. & dans ses œuvres imprimées à Venise en 1606, 3 vol. fol. ed. opt.

Fallope, né à Modene en 1490, & mort à Padoue en 1563, s’est singulierement distingué en Anatomie ; mais son traité des ulceres & des tumeurs, de même que son commentaire sur Hippocrate, de vulneribus capitis, méritent beaucoup d’être lûs.

Fienus (Thomas) libri Chirurgici duodecim.

Ce sont des traités posthumes sur douze sujets curieux de Chirurgie, qui ont été publiés par Herman Conringius ; Fiancof. 1649, in-4°. ibid. 1669 in-4°. & à Londres en 1733, in-4°. Fienus, né à Anvers en 1567, & mort en 1631 âgé de soixante-quatre ans, est encore connu par quelques autres ouvrages, en particulier par un traité Latin des cauteres, imprime à Louvain en 1598, in-8°.

Garengeot (Jacques René) traité des opérations de Chirurgie ; Paris 1741, 3 vol. in-12 avec fig.

Ce traité, avec celui des instrumens, a été réimprimé plusieurs fois, traduit en plusieurs langues, & est dans les mains de tout le monde.

Glandorpii (Matth. Ludov.) opera omnia Chirurgica.

Né à Cologne, & fils d’un habile Chirurgien, qu’il surpassa par ses talens, ses travaux, & ses connoissances, il entendoit fort bien l’Anatomie, qu’il avoit apprise sous Spigel. Ses ouvrages, qui furent réimprimés séparément à Brême, ont été rassemblés à Londres en 1729 in-4°. Le journal de Léipsic en parle en 1730, & y donne un abregé de la vie de cet auteur, p. 124.

Gorter (Joh.) Chirurgia repurgata ; Lugd. Bat. 1742, in-4°.

Cet auteur est connu par d’autres ouvrages estimés, & pleins d’une bonne Physiologie.

Guillemeau (Jacques) œuvres de Chirurgie, &c.

Elles ont été imprimées à Paris en 1598, in-fol. avec fig. Guillemeau, natif d’Orléans, exerça la Chirurgie & l’Anatomie à Paris avec distinction. Toutes ses œuvres ont été réimprimées à Roüen en 1649, in-fol.

Heisteri (Laurenti) institutiones Chirurgica ; Amst. 1739, in-4°. 2 vol. cum fig.

Voilà le meilleur ouvrage complet de Chirurgie qui ait paru jusqu’à ce jour ; il peut tenir lieu de tous les autres. Il a été publié & en Latin & en Allemand ; il mériteroit aussi de paroître en François.

Hildanus (Guil. Fabricius) opera Chirurgica, &c.

Guillaume Fabrice dit de Hilden, du nom de sa patrie, né en 1560, & mort à Berne en 1634 âge de soixante & quatorze ans, étudia toute sa vie la Chirurgie, & nous a laissé en ce genre, outre plusieurs traités particuliers, un grand & excellent recueil d’observations & de cures chirurgicales qu’on consulte toûjours. On les a traduites en François, & elles ont paru à Geneve en 1679 in-4°. avec fig. Mais tous les ouvrages de cet auteur ont été rassemblés & imprimés en Latin à Francfort en 1682, in-fol. avec le livre de Severinus, de efficaci Medicina.

Hippocrates in operibus, &c.

Il naquit à Cos la premiere année de la lxxx. olympiade, trente ans avant la guerre du Péloponese, & 460 ans avant J. C. Descendant d’Esculape, allié à Hercule par sa mere, & digne contemporain de Socrate, il fut doüé par la nature d’un excellent tempérament, que ni ses voyages, ni le travail le plus opiniâtre, ne purent altérer ; & pour le génie, d’une sagacité qui semble avoir franchi les bornes de l’esprit humain : enfin son amour singulier pour la vérité, pour son art, & pour son pays, sont peut-être un exemple unique ; &, si je puis me servir des termes de Callimaque, il remplit l’office de cette panacée divine, dont les gouttes précieuses chassent les maladies de tous les lieux où elles tombent. Il délivra l’Attique de la peste, & refusa les sommes immenses que le roi Artaxerxe d’un côté, & des provinces entieres de l’autre, lui firent offrir pour leur rendre le même service. « Dites à votre maître, répondit-il au gouverneur de l’Hellespont, que je suis assez riche, que l’honneur ne me permet pas de recevoir ses présens, & d’aller secourir les ennemis de la Grece ». Quand les Athéniens furent prêts de porter leurs armes contre l’île de Cos, il invoqua & obtint l’assistance des peuples qu’il avoit sauvés de la contagion, soûleva les états circonvoisins, & dissipa lui seul la tempête dont sa patrie étoit menacée. S’il est vrai, comme on n’en peut douter, que les hommes sont grands à proportion du bien qu’ils font, quel mortel est plus grand qu’Hippocrate, qui a fait tant de bien à son pays, à toute la Grece, à son siecle, & aux siecles les plus reculés ?

De son tems la Chirurgie étoit si parfaitement unie à la Medecine, que l’une n’avoit pas même un nom particulier qui la distinguât de l’autre : aussi prendroit-on le livre de officinâ Medici, qu’on trouve parmi ses œuvres, pour un traité de Chirurgie. Quoi qu’il en soit, tout ce qu’il a écrit des plaies, des tumeurs, des ulceres, des fistules, des fractures, des luxations, & des opérations qui y conviennent, est admirable. Il faut y joindre la lecture des excellens commentaires que nous avons en nombre sur sa Chirurgie, & on y puisera les plus belles & les plus utiles connoissances. C’est à Hippocrate, que je ne nomme guere sans un sentiment de plaisir, de gratitude, & de vénération ; c’est, le dirai-je, à ce divin mortel que nous devons tout en Medecine & en Chirurgie : en un mot, pour appliquer à mon sujet les termes de Montagne, « la plus riche vie que je sache avoir été vécue entre les vivans, & étoffée de plus riches parties & desirables, c’est celle d’Hippocrate, & d’un autre côté je ne connois nulle sorte d’écrits d’homme que je regarde avec tant d’honueur & d’amour ».

Magatus (Cesar) de rarâ medicatione vulnerum ; Venet. 1616, in-fol.

Magati, né dans l’état de Venise en 1579, & mort en 1649 de la pierre, comme tant d’autres gens de lettres, a renouvellé dans ce traité la sage pratique du rare pansement des plaies. Il mérite fort d’être lû ; aussi a-t-on réimprimé toutes les œuvres de Magati à Francfort en 1733, in-4°.

Nuck (Anton.) operationes & experimenta Chirurgica.

Cet ouvrage de Nuck, célebre d’ailleurs par ses découvertes anatomiques, a eu beaucoup de succès : il parut pour la premiere fois à Leyde en 1692, in-8°. ensuite à Iene en 1698, in-8°. derechef à Leyde en 1714, in-8°. & en Allemand avec des notes, à Hall en 1728, in-8°.

Palfyn (Jean) Anatomie chirurgicale avec fig.

Palfyn, chirurgien juré, anatomiste, & lecteur en Chirurgie de la ville de Gand, a joint à la description des parties les diverses maladies chirurgicales qui peuvent les attaquer, avec des remarques sur la maniere de traiter ces maladies. Il la publia d’abord en Flamand à Leyde en 1719, in-4°. ensuite en François à Paris en 1726, in-8°. il en parut une troisieme édition en 1734. C’est un ouvrage utile, fort au-dessus de celui de Genga, imprimé en Latin à Rome en 1686, in-8°.

Paré (Ambroise) œuvres, Lyon 1652, fol. avec fig. Ibid. 1664, fol.

On doit au célebre Paré la restauration de la Chirurgie dans le royaume. Né à Laval dans le Maine en 1510, il vint à Paris, se forma dans les hôpitaux, se perfectionna dans les armées, se fit la plus haute réputation, & fut successivement premier chirurgien de Henri II. de François II, de Charles IX. & d’Henri III.

Ses excellentes œuvres ont été réimprimées plusieurs fois : la premiere édition Françoise parut, je crois, à Paris en 1575. Guillemeau les a traduites en Latin, & les a publiées en 1582, in-fol. Elles parurent à Paris en François pour la quatrieme édition en 1585. Elles ont encore paru à Francfort en 1594 & 1610, in-fol. Enfin elles ont été traduites en Anglois, en Hollandois, & en Allemand.

Peccettii (Francisc.) Chirurgia, &c.

Elle est distribuée en quatre livres théorétiques & pratiques. La premiere édition parut chez les Juntes en 1616, in-fol. Francof. 1619, in-8°. vol. 2 ; & enfin à Pavie (Ticini) 1697, in-fol. Malgré toutes ces éditions, c’est un ouvrage fort inférieur à ceux d’Italie du même siecle.

Severini (Marc. Aur.) trimembris Chirurgia ; Franc. 1653, in-4°.

Severini, né dans le royaume de Naples, cultiva également l’Anatomie comparée & la Chirurgie. Nous lui devons de bons ouvrages dans l’un & dans l’autre genre ; tels sont ceux de la zootomie, des abcès, & de la Medecine efficace. Sa Chirurgie a été réimprimée plusieurs fois ; mais l’édition de Leyde en 1725, in-4°. est préférable à toutes les précédentes.

Vesalii (Andr.) Chirurgia magna ; Venct. 1569, in-8°. & dans la collection de ses œuvres.

Il faut connoître la Chirurgie de Vésale, quand ce ne seroit que parce qu’il est le prince des Anatomistes.

Vigo (Joh. de) practica in arte Chirurgicâ, &c.

Jamais livre de chirurgien n’a eu un plus grand nombre d’éditions, ni plus rapidement. La premiere parut à Lyon en 1516, in-4°. puis en 1518, in-4°. 1534, 1545, & 1582, in-8°. à Florence en 1525, in-8°. en François à Paris en 1530, in-fol. & à Lyon en 1537, in-8°. en Italien à Venise en 1558, 1560, 1569, in-4°. en Anglois à Londres en 1543, fol. & 1586, in-4°. min. en haut Allemand à Nuremberg en 1577, in-4°. &c.

En effet cet ouvrage, qui étoit le meilleur de son tems, renferme de fort bonnes choses. De Vigo, né dans l’état de Gènes, fleurissoit avec le plus grand éclat au commencement du xvj. siecle. Il fut reçû docteur en Medecine, & entendoit fort bien l’Anatomie & la Pharmacie. Sa haute réputation lui valut la place de premier chirurgien du pape Jules II. qui mourut le 21 Février 1514, & de Vigo lui survécut.

Wiseman (Rich.) Chirurgical treatises ; Lond. 1676, fol. ed. 1. & 1719, 8°. 2 vol. ed. 5a.

C’est le Paré des Anglois, & ils n’ont point encore eu de meilleur cours complet de Chirurgie que celui de Wiseman, auquel il faut joindre le traité de Sharp, traduit en François, Paris 1741, in-12.

Je passe sous silence les meilleurs ouvrages de Chirurgie qui ont paru en langue Espagnole, tels que ceux de Fragoso, de D. Martin Martinez, &c. en Italien ceux de Mazieri, de Melli, de Benevoli, &c. en Hollandois ceux de Solingen, Barbette, Bontekoe, &c. en Allemand ceux de Holder, Joël, Leauson, Rotheius, &c. parce que tous ces auteurs ne peuvent servir qu’à un petit nombre de gens qui entendent bien les langues dans lesquelles ils ont écrit, & que d’ailleurs ils ne renferment les uns & les autres que ce qu’on trouve originairement dans nos auteurs Latins & François.

Mais il est un autre genre de livres très-utiles ; ce sont les observations chirurgicales qui ont été données par un grand nombre d’auteurs. Je vais nommer les principaux, parce qu’il est bon de les connoître pour les consulter dans l’occasion.

Chabert, observations de Chirurgie pratique ; Paris 1724, in-12.

Couillard, observations jatro-chirurgiques.

Gautier (Yvonis) observ. Medico-chirurgic. Groninga 1700, in-4°.

Gehema (Jani Abrah. à) observationes Chirurgica ; Francof. 1690.

Gherli (Fulvio) centuria d’observazioni rari di Medicina & Cirurgia ; in Venizia 1719, in-12.

Habicot (Nicolas) problèmes medicinaux & chirurgicaux ; Paris 1617, in-8°.

Le Dran (Henri François) observations de Chirurgie ; Paris 1731, in-12. en 2 vol.

Marchettis (Petrus de) sylloge observat. Medico-chirurgicarum rariorum ; Patav. 1664, 8°. prem. édit. en 1675, édit. augm.

Meckeren (Jobus Van.)observationes Medico-chirurgicæ ; Amstel. 1668 ; in-8°. fig.

Moinichen (Henric. à) observ. Medico-chirurgica ; Dresdæ 1691, in-12.

Moyle (John.) Chirurgical memoires benig an Accowit of many extraordinary cures ; Lond. 1708, in-12.

Mulleri (Joh. Math.) observat. & curationes Chirurgicæ rariores ; Norimb. 1714, in-8°.

Muys (John.) observationum Chirurgicarum decades quinque ; Lugd. Bat. 1685, in-12. dec. vj. & vij. Lugd. Bat. 1690, in-12.

Pechlini (Johan. Nic.) observ. pys-Med. Chirurg. Homb. 1691, in-4°.

Pezoldi (Carp.) observ. Medico-chirurg. Uratislav. 1715, in-8°.

Roseii (Matt.) observat. Medico-chirurgic. Francof. 1608, in-8°.

Saviard, nouveau recueil d’observations chirurgic. Paris 1702, in-12. prem. édit.

Sprægelii (Dicteric.) observat. Chirurgicæ selectiores ; Helmot. 1720, in-4°.

Triœn (Cornelii) observationum Medico-chirurgic. fasciculus ; Lugd. Bat. 1745 ; in-4°. fig.

Tulpii (Nicol.) observat. Lugd. Bat. 1716, in-12. cum fig.

Vagret, obser. Medico-chirurg. Paris 1718, in-8°.

Walterii (Conrad. Ludov.) observ. Medico-chirurg. Lispsic. 1715, in-8°.

Wierii (Joh.) observat. Medico-chirurg. Amstelod. 1657, in-12.

Wiel (Cornel. Stalpart. Vander.) observat. rariores Medico-anatom. chirurg. Lug. Bat. 1687, in-8°. 2 tom.

Remarquez que dans la plûpart des écrits d’observations medicinales, les chirurgicales s’y trouvent comprises ; nouveau fonds très-considérable de livres, où l’on puisera bien des connoissances.

Enfin on les étendra par la lecture de toutes les matieres de Chirurgie qui entrent perpétuellement dans le recueil des diverses Académies de l’Europe, & particulierement dans celui de l’Académie des Sciences, & de l’académie de Chirurgie.

Quant aux meilleurs traités sur des sujets particuliers de Chirurgie, trop nombreux pour que j’entre dans ce détail, il est absolument nécessaire de les lire & de les consulter.

On manque d’une espece de bibliotheque chirurgicale qui indique les bons auteurs sur la Chirurgie en général, & en particulier sur chaque matiere, avec un précis & un jugement de leurs écrits, au lieu de ces titres secs de livres & d’éditions copiés sur des catalogues de Libraires, tels que nous les ont donnés Mereklin, Alberti, Goéricke, Lippenius, & autres. Nous avons tant de traités sur les différentes maladies chirurgicales, qu’un commençant qui veut approfondir son art est obligé de payer à l’étude un immense tribut de lectures inutiles, & souvent propres à l’égarer. Avant que d’être en état de choisir ses guides pour découvrir la vérité, il a déjà épuisé ses forces. Ce seroit donc un grand service de le guider, de l’éclairer, de lui tracer les routes courtes & sûres, qui lui épargneroient tout ensemble un tems précieux, & des erreurs dangereuses. Mais l’on desirera peut-être encore long-tems l’ouvrage utile que je propose ; il faut trouver pour l’exécution un maître de l’art, qui réunisse aux lumieres & au loisir le travail & le goût, ce qui est rare. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

L’Académie royale de Chirurgie, établie depuis 1731, confirmée par lettres patentes de 1748, est sous la direction du secrétaire d’état de la maison du Roi, ainsi que les autres académies royales établies à Paris.

Le premier Chirurgien du Roi y préside ; les assemblées se tiennent dans la salle du collége de saint Côme, le Jeudi. Le Jeudi d’après la Quasimodo, elle tient une assemblée publique, dans laquelle l’académie déclare le mémoire qui a remporté le prix fondé par feu M. de la Peyronie. Ce prix est une médaille d’or de la valeur de 500 liv. cette médaille représentera, dans quelque tems que la distribution s’en fasse, le buste de Louis le Bien-aimé.