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L’Encyclopédie/1re édition/COEFFE

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COEFFE, s. f. terme de Marchand de mode, ajustement de femme ; c’est un morceau de taffetas noir taillé quarrément par-devant, & en biais par-dessous, & dont le derriere, qui forme le derriere de la tête, est plissé. Les femmes se servent de cet ajustement pour se couvrir la tête ; elles placent la coëffe sur la coëffure, & la nouent ou l’attachent sous le menton avec un ruban noir. Celles qu’elles portent en été sont de gase ou de dentelle.

Autrefois les coëffes étoient composées de deux aulnes de taffetas, & pendoient sur l’estomac ; elles ont été diminuées petit-à-petit, & sont devenues ce qu’elles sont aujourd’hui. Elles ont une infinité de noms différens. Il n’y a rien qui ressemble tant à l’abus de la nomenclature en Histoire naturelle, que celle des Marchandes de modes ; la moindre petite différence de formes dans un individu, fait imaginer aux Naturalistes un nouveau nom ou une nouvelle phrase ; la moindre petite différence dans un ajustement, altere ou change, chez les Marchandes de mode, la dénomination d’un ajustement : une coëffe est-elle grande & prise dans toute la largeur du taffetas, a-t-elle les pans à peine échancrés, se noue-t-elle sous le menton, & se termine-t-elle en bavoir étendu sur la poitrine ; c’est une coëffe à la bonne femme : differe-t-elle des autres coëffes par ses pans, ces pans sont-ils assez longs, se nouent-ils d’un nœud à quatre devant ou derriere, & sont-ils terminés par un gland ; c’est une coëffe à la duchesse : est-elle prise dans la moitié de la largeur du taffetas, n’a-t-elle que des pans fort courts, est-elle bordée d’une dentelle tout-au-tour devant & derriere, & se noue-t-elle sous le menton avec deux rubans passés en sens contraire dans une coulisse faite sur le derriere ; c’est une coëffe à la miramione : n’a-t-elle pas plus de profondeur que le premier bonnet, & est-elle bordée devant & derriere d’un ruban bouchonné, n’a-t-elle que des pans fort courts, & s’attache-t-elle en-devant par une agraffe couverte d’un nœud de dentelle à quatre ; c’est une coëffe au rhinoceros, &c. &c. &c.

Coeffe à perruque, est une sorte de reseau tissu de façon qu’il s’ajuste exactement à la grosseur d’une tête : on applique sur ce reseau les tresses de cheveux pour en fabriquer une perruque. Il y a de ces coëffes qui sont de soie ou de filoselle, & d’autres de fil.

Coeffe, en Anatomie, est une petite membrane qu’on trouve à quelques enfans, qui enveloppe leur tête quand ils naissent.

Drelincourt pense que ce n’est qu’un lambeau des tuniques du fœtus, qui ordinairement se creve à la naissance de l’enfant. Voyez Fœtus.

Lampridius dit que de son tems des sages-femmes vendoient ces coëffes à des avocats, qui les payoient bien cher, persuadés qu’en les portant ils auroient une vertu persuasive de laquelle leurs juges ne pourroient pas se défendre. Les canons en or défendu l’usage, parce qu’il y a eu, dit-on, des magiciens & des sorciers qui en ont abusé pour faire des maléfices. Diction. de Trév. (L)