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L’Encyclopédie/1re édition/COUDRIER

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COUDRIER, voyez Noisettier.

COUDRIER, s. m. (Hist. nat. bot. & Jardinage.) petit arbre qui est très-commun dans les bois, dans les haies, & dans la plûpart des terreins incultes. On l’appelle aussi noisettier, quoique ce nom convienne plus particulierement aux autres especes de cet arbre que l’on cultive pour leur fruit. Le coudrier est si connu, que l’on peut restraindre sa description à ce qu’il pousse du pié plusieurs tiges ordinairement fort droites ; que sa feuille plus ronde qu’ovale, est l’une des plus grandes des arbres forestiers ; & que ses chattons jaunes & apparens sont le premier objet qui annonce dans les bois le retour de la séve & les approches du printems. Cet arbre est très-robuste, croît promptement, se multiplie aisément, & vient par-tout.

En effet tous les terreins lui conviennent ; & fussent-ils sablonneux, stériles, froids & secs, ce sont ceux où il se trouve plus communément. On voit aussi cet arbre sur la crête des montagnes, parmi les rochers, & même dans les terres argilleuses ; mais il se plaît davantage dans un terrein maigre, sablonneux, humide & mousseux, qui fait durer long-tems la souche du coudrier, & où j’en ai vû de fort vieux à la vérité, qui avoient quarante piés de haut, plus de deux piés de tour, & qui ne dépérissoient point encore.

Si l’on avoit donc à peupler des terreins si ingrats, que les arbres de bonne essence dûssent s’y refuser, on pourroit se servir du coudrier dont le bois ne laisse pas d’être propre à quelques usages. Le plus court moyen d’en faire de grandes plantations sera de semer les noisettes, mais de ne pas se presser de le faire dès l’automne, par rapport à la gelée qui les gâte souvent, & plûtôt encore pour éviter l’inconvénient trop immanquable de trouver après l’hyver le sémis détruit par les vers, les rats, les mulots, &c. qui en sont très-friands. Les noisettes d’ailleurs ne germent pas avant le printems. Il vaudra donc mieux les conserver dans le sable jusqu’à ce tems pour les semer au mois de Février de la même maniere que le gland. Voyez Chêne. On peut encore multiplier le coudrier de plusieurs autres façons que je laisse à traiter au mot Noisettier, où il sera plus convenable aussi d’entrer dans le détail des différentes especes de cet arbre & de leur culture. Celle du coudrier n’a rien de particulier. Cet arbre manque rarement à la transplantation, & il fait une bonne garniture dans les bois. Evelyn prétend même qu’étant mis en taillis, c’est de tous les bois celui qui fait le plus de profit. Ce n’est qu’après six ou sept ans de semence qu’il rapporte du fruit.

La noisette est meilleure à manger & plus saine, quand on la cueille dès qu’elle est formée ; que quand on attend que la parfaite maturité la fasse tomber de l’arbre ; parce qu’alors la partie aqueuse de ce fruit est déjà devenue oléagineuse, & le devient ensuite de plus en plus, jusqu’au point que quand il commence à se dessécher, on en extrait une huile qui peut être de quelque utilité. Les anciens prétendent que les noisettes engraissent ; les modernes conviennent seulement qu’elles sont plus nourrissantes que les noix ; & que si l’on en mange modérément, elles ne sont aucun mal, pourvû que l’on ait l’estomac bon ; mais qu’elles sont de difficile digestion, qu’elles nuisent à la respiration, & qu’elles rendent la voix rauque. Voyez Noisette.

Le bois du coudrier, tout différemment de celui des autres arbres, a plus d’utilité quand il est d’un petit volume, que lorsqu’il a plus de grosseur. Quel qu’il soit, il n’est propre qu’à de petits usages qui ne méritent pas un détail. On l’employe sur-tout à faire des cerceaux pour les futailles ; parce qu’il est droit, souple, & sans nœuds ; mais ce bois a si peu de solidité & de durée, qu’on ne s’en sert que faute de mieux. Cependant on s’est assûré par plusieurs expériences faites à Montbard en Bourgogne, que ce bois duroit trois fois davantage, lorsqu’il avoit été coupé dans le tems de la chûte des feuilles, que celui qui avoit été abattu pendant l’hyver, ou au commencement du printems.

Après qu’on a si long-tems abusé des gens crédules, en prêtant à la coudre des vertus surnaturelles, ce seroit un nouvel abus que de grossir cet article des propriétés imaginaires & superstitieuses de la baguette divinatoire. C’est une fourberie surannée qui est tombée en discrédit, à mesure qu’il y a eu moins de gens infatués d’anciens préjugés, & par conséquent moins de dupes. Voyez Noisettier. (c).