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L’Encyclopédie/1re édition/COUVERTURE

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COUVERTURE, s. f. en général ce qui s’étend sur la surface entiere ou partielle d’un objet, & qui sert, soit à garantir cette surface, soit à préserver l’intérieur de l’action des corps extérieurs.

* Couverture, (art du Couvreur.) la partie extérieure d’un bâtiment la plus élevée, qui défend toutes les intérieures des injures de l’air, & qui est soutenue de tout côté sur des bois appuyés d’un bout sur les murs de la maison, & de l’autre aux arc-boutés ou assemblés, soit ensemble soit avec d’autres bois qui font partie de la charpente. On couvre les maisons ou de plomb, ou d’ardoise, ou de tuile, ou de bardeau, ou de chaume. Plus la matiere est pesante, plus le toit doit être bas ; pour l’ardoise, on peut donner au toit une hauteur égale à sa largeur. Pour la tuile, la hauteur n’en peut être que les deux tiers ou tout au plus les trois quarts de la largeur. S’il y a des croupes ou boîtes de toit qui ne soient point bâties en pignon, mais couvertes en penchant comme le reste du comble, il faut tenir ces croupes plus droites que les autres couvertures. Autrefois on ne faisoit que des couvertures droites, hautes, & n’ayant de chaque côté qu’une pente terminée en pointe au comble. Ces toits avoient des avantages, mais ils occasionnoient trop de dépense en tuile, en ardoise, en charpente, &c. & ils renfermoient trop peu d’espace ; on les a donc abandonnés pour les mansardes. Voyez Mansardes.

Quand on couvre de tuile, on place les chevrons à deux piés ou seize pouces au plus de distance. Le millier de tuile du grand moule, fait sept toises de couverture. Ces tuiles ont treize pouces de long, huit de large, & quatre pouces trois lignes de pureau ; on appelle de ce nom, la portion de tuile qui reste découverte quand elle est en place. La grandeur des tuiles du petit moule est communément de neuf à dix pouces de long, sur six de large, & trois pouces & demi de pureau. Les tuiles rondes, ou creuses, ou en s couchée, demandent un toit extrèmement plat. Il y a de l’ardoise de 11 pouces de long sur 6 à 7 de large, & 2 lignes d’épais ; c’est la quarrée forte. La quarrée fine a 12 à 13 pouces de large sur une ligne d’épais. Le millier fait 4 toises de couverture, en lui donnant 3 pouces & demi de pureau ; en la ménageant bien, elle peut former jusqu’à quatre toises & demie. Le bardeau, ou ces petits ais qu’on substitue à la tuile, ne charge pas les maisons ; on les appelle aissis ou aissantes. On les employe communément aux hangards. Il faut qu’ils soient sans aubier. Si on en fait des toits de maison, il ne sera pas nécessaire que la charpente soit forte. Il n’y faudra pas épargner le clou, non plus qu’à l’ardoise. Il durera plus long tems si on le peint à l’huile. A la campagne, on couvre de chaume ou de paille de seigle non battue au fleau : après que les faîtes & soûfaîtes sont posés, on y attache avec des gros osiers ou des baguettes de coudriers &c.. de grandes perches de chêne, à trois piés de distance ; on lie ces perches avec de plus petites qu’on met en-travers, & l’on applique là-dessus le chaume ou la paille qu’on fixe avec de bons liens. Plus ces liens sont serrés & le chaume pressé & égal, mieux la couverture est faite. Il y a des couvertures de jonc & de roseaux. Quelquefois on gache la paille avec de la terre & du mortier.

On accroche la tuile à la latte ; on y cloue l’ardoise après l’avoir percée d’un coup de marteau ; c’est pour cela qu’on remarque à la tuile une encrénure en-dessous. Le pureau est plus grand ou plus petit selon la distance des lattes. Voilà en quoi consiste tout l’ouvrage de couvreur, qui demande plus de hardiesse & de probité que d’adresse. La latte est attachée sur les chevrons.

Comme il est quelquefois difficile de vérifier l’ouvrage de couvreur, il n’a pas de peine à tromper. Il peut compter plus de tuile ou d’ardoise qu’il n’en employe. Il peut employer de mauvaise latte & de la tuile mal façonnée ; il peut disposer la neuve de maniere qu’elle soit mêlée avec la vieille, ou qu’elle lui serve de cadre. Il n’y a que la stipulation avant que l’ouvrage commence, & un examen attentif après que l’ouvrage est achevé, qui puisse mettre à couvert de la tromperie.

Le toiser de la couverture n’a rien de difficile, les dimensions étant données ; mais il est quelquefois dangereux de les prendre sur le toit. Quand on les a, il faut supposer la couverture plane, & ajoûter au produit pour le battelement un pié quarré ; pour la pente un pié quarré ; pour le posement de gouttiere un pié quarré ; pour une vûe de faîture six piés ; pour un œil de bœuf commun dix-huit piés ; pour les lucarnes, demi-toise ou toise, selon leur forme.

Il n’est pas difficile de savoir ce qu’il doit entrer d’ardoise ou de tuile dans une couverture, les dimensions de l’ardoise étant données, l’étendue de la couverture, & la quantité de pureau ; ce qu’on a toûjours.

On appelle couverture à la mi-voie, celle où l’on a tenu les tuiles moins serrées que dans la couverture ordinaire. Cette maniere de couvrir convient à tous les atteliers où il faut ménager une issue à la fumée ou à des vapeurs incommodes ou nuisibles.

Couverture, terme à l’usage des Couteliers, Serruriers, Taillandiers, & autres ouvriers en fer ; c’est un morceau de gros acier, forgé comme il convient pour l’espece d’ouvrage auquel on le destine ; qu’on refend ou qu’on recourbe, & dans lequel on place un morceau d’acier fin ; cet acier fin forme le tranchant de l’ouvrage, & le morceau de gros acier, qu’on appelle couverture, forme le dos, la scie, & les autres parties qu’il est indifférent de faire-d’une matiere fine ou grossiere. Ainsi, la couverture sert, comme on voit, à épargner l’acier fin, & elle fait la fonction de la dorure chez les Chapeliers.

Couverture, (Maréchallerie.) on appelle ainsi un morceau de coutis bordé, qu’on met sur le corps du cheval dans l’écurie. On dit donner une couverture d’un étalon, lorsqu’on lui fait couvrir une jument.

* Couverture, ouvrage d’ourdissage, qu’on étend sur les draps du lit pour se garantir du froid pendant la nuit. Les couvertures sont ordinairement blanches. Elles se fabriquent au même métier que le drap, voyez Drap ; mais elles sont croisées comme la serge, voyez Serge. On exécute aux coins, des couronnes ; & aux bords, des barres. On les foule ; au sortir du foulon on les peigne au chardon ; voyez l’article Drap. On en fait à Montpellier d’une infinité de sortes différentes, distinguées par noms, marques, & poids. Il y a les grand-marchands blancs & roux, marquées de trois barres & demie, & du poids de six livres au moins, & de sept au plus, au sortir des mains du pareur, & prêtes à être tondues. Les passe-grand-marchands, tant blancs que roux, marquées de quatre barres & demie, & du poids de neuf livres au moins & dix au plus. Les reforme-marchands, blancs & roux, marquées de cinq barres & demie, & du poids de onze livres au moins & douze au plus. Les extraordinaire-marchands, blancs & roux, marquées de six barres & demie, & du poids de treize livres au moins, & quatorze au plus. Les grand-fins, blancs & roux, marquées de quatre barres, & du poids de six livres au moins, & sept au plus. Les passe-grand-fins, blancs & roux, marquées de cinq barres, & du poids de neuf livres au moins, & dix au plus. Les reforme-fins, blancs & roux, marquées de six barres, & du poids de onze livres au moins, & douze au plus. Les extraordinaire-fins, blancs & roux, marquées de sept barres, & du poids de treize livres au moins, & quatorze au plus. Les passe-extraordinaire-fins, blancs & roux, marquées de huit barres, & du poids de quinze liv. au moins, & de seize livres & demie au plus. Les repasse-extraordinaire-fins, blancs & roux, marquées de neuf barres, & du poids de dix-sept livres au moins, & dix-huit livres & demie au plus. Les grand-repasse-extraordinaire-fins, blancs & roux, marquées de dix barres, & du poids de dix-neuf livres au moins, & de vingt-une au plus. Les passe-grand-repasse-extraordinaire-fins, blancs & roux, marquées de onze barres, & du poids de vingt-trois livres au moins, & vingt-cinq au plus. Les grandes-fines, blancs & roux, marquées de douze barres, & du poids de vingt-trois livres au moins, & de vingt-cinq au plus. Les grandes-fines, blancs & roux, marquées de treize barres, & du poids de vingt-cinq liv. au moins, & de vingt-sept au plus. Les grandes-fines, marquées de quatorze barres, & du poids de vingt-sept livres au moins, & de vingt-neuf au plus. Les grandes fines, marquées de quinze barres, & du poids de vingt-neuf livres au moins, & de trente-une au plus. Les grandes fines, tant blancs que roux, marquées de seize barres, & du poids de trente une livres au moins, & de trente-trois au plus. Les grandes fines, marquées de dix-sept barres, & du poids de trente-trois livres au moins, & de trente-cinq au plus : il n’y a point de couverture au-dessus de ce poids. Des peignées, façon d’Angleterre, marquées de deux croix, & du poids de dix livres au moins, & de douze au plus : elles sont de laines fines du pays, ou de laine refin d’Espagne. Des peignées, façon d’Angleterre, marquées de trois croix, & du poids de douze livres au moins, & quatorze au plus. Des peignées fines, façon d’Angleterre, marquées de quatre croix, & du poids de quatorze livres au moins, & de seize au plus : elles sont de laine refin du pays ou refin d’Espagne. Des peignées très-fines, façon d’Angleterre, marquées de cinq croix, & du poids de seize livres au moins, & dix-huit au plus. Les mêmes, marquées de six croix, & de dix-huit livres au moins, & de vingt livres au plus. Des couvertures façon de Roüen, fabriquées de laine de Constantinople, marquées de barres comme les autres & des mêmes poids. Des grises, de poids à la discrétion du marchand, parce qu’elles sont de bas-prix.

Il est ordonné par les réglemens des Manufactures, que toutes les couvertures soient de bonne laine & de bon poil ; de ne laisser courir aucun fil ; que les peselles en soient retirées par le marchand, en les payant aux Tisserands ; qu’elles soient bien foulées, nettoyées, dégorgées, afin qu’elles ayent le corps capable de soûtenir le garnissage du pareur ; que les pareurs les épaississent, les nettoyent, en coupent les nœuds avant que les garnir ; qu’on veillera à ce que les ouvriers n’en tirent aucune suite, bout, ou fil de long ; que les pareurs les garnissent doucement & sans les effondrer ; qu’elles soient visitées, afin qu’il n’y reste ni trou ni invaladure, ni autre défaut ; que les pareurs n’employent point de cardes de fer, mais seulement des chardons ; & que si on les teint, elles soient teintes en bon teint sans garence.

Couverture : les Relieurs appellent couvertures, les peaux ou étoffes dont ils couvrent les livres après qu’ils ont reçu les façons nécessaires ; elles sont ordinairement en veau, ou en basane ; quelquefois en marroquin ou en parchemin, rarement en autre chose. Il y en a eu cependant en velours, &c.

Pour couper les couvertures lorsqu’elles sont préparées, on étend la peau sur une table, & on présente le volume qu’on veut couvrir sur cette peau, en ouvrant le volume sur le plat du dos, qui doit toucher la peau, afin de couper juste ce qu’il en faut, en laissant un rebord pour retourner sur le carton & en-dedans. On coupe de même le marroquin, le parchemin, &c. On dit couper le cuir. Voyez Parer les peaux.