L’Encyclopédie/1re édition/DÉROBER

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DÉROBER UNE MARCHE, (Art. milit.) se dit dans l’art militaire lorsque le général d’une armée a fait une marche par une espece de surprise sur son ennemi, c’est-à-dire sans que le général ennemi en ait été informé. Cette faute de se laisser ainsi dérober ou souffler une marche, a souvent de si grandes, suites, que rien n’est plus humiliant ni plus chagrinant pour celui qui s’y laisse surprendre. M. de Folard prétend qu’un général en est plus mortifié que de la perte d’une bataille, parce que rien ne prête plus à la glose des malins & des railleurs.

On dérobe une marche à l’ennemi de deux manieres : la premiere en décampant sans qu’il en soit informé ; & la seconde en faisant une marche forcée, c’est-à-dire en faisant en un jour le chemin que dans l’usage ordinaire on feroit en deux. On ne doit jamais forcer les marches sans une grande nécessité, parce qu’elles minent les hommes & les chevaux. (Q)

Dérober le vent, (Marine.) se dit lorsqu’un vaisseau étant au vent d’un autre l’empêche de recevoir le vent dans ses voiles ; c’est lui dérober le vent.

Les voiles de l’arriere dérobent le vent à celles de l’avent. (Z)

Dérober (se) sous l’homme, (Manége.) se dit lorsqu’un cheval en galopant fait tout-à-coup & de lui-même pendant quelque tems des galops plus vifs & plus précipités pour desarçonner le cavalier & le jetter par terre. Voyez Galop, Desarçonner. (V)

Dérober, v. act. (Fauconnerie.) dérober les sonnettes se dit de l’oiseau qui emporte les sonnettes, c’est-à-dire qui s’en va sans être congédié.