L’Encyclopédie/1re édition/DEFENDRE, PROTEGER, SOUTENIR

La bibliothèque libre.
◄  DEFENDEUR
DEFENDS  ►

DEFENDRE, PROTEGER, SOUTENIR, v. act. (Synon.) Ces trois mots signifient en général l’action de mettre quelqu’un ou quelque chose à couvert du mal qu’on lui fait ou qui peut lui arriver. Voici les nuances qui les distinguent. On défend ce qui est attaqué, on soûtient ce qui peut l’être, on protege ce qui a besoin d’être encouragé. Exemple. Un roi sage & puissant doit protéger le commerce dans ses états, le soûtenir contre les étrangers, & le défendre contre ses ennemis. On dit défendre une ville, soûtenir un assaut, & protéger un pays contre les incursions de l’ennemi ; défendre une cause, soûtenir une entreprise, protéger les sciences & les arts. On est protégé par ses supérieurs, on peut être défendu & soûtenu par ses égaux ; on est protégé par les autres, on peut se défendre & se soûtenir par soi-même. Protéger suppose de la puissance, & ne demande point d’action ; défendre & soûtenir en demandent, mais le premier suppose une action plus marquée. Exemple. Un petit état en tems de guerre est ou défendu ouvertement, ou secretement soûtenu par un plus grand, qui se contente de le protéger en tems de paix. (O)

Defendre, Justifier quelqu’un, synon. (Gramm.) Ces deux mots signifient en général l’action de prouver l’innocence ou le droit de quelqu’un. En voici les différences. Justifier suppose le bon droit, ou au moins le succès : défendre suppose seulement le desir de réussir. Exemples. Ciceron défendit Milon, mais il ne put parvenir à le justifier. L’innocence a rarement besoin de se défendre, le tems la justifie presque toûjours. (O)

Defendre, (se) en terme de Manege, se dit d’un cheval qui résiste, en sautant ou en reculant, à ce qu’on veut qu’il fasse ; c’est souvent signe qu’il n’a pas la force de l’exécuter. Se défendre des levres, est la même chose que s’armer de la levre. Voy. Armer.