L’Encyclopédie/1re édition/DEGAGEMENT

La bibliothèque libre.

DEGAGEMENT, s. m. en Architecture, s’entend de tout petit passage ou corridor pratiqué derriere un appartement, par lequel on peut s’échapper sans passer par les grandes pieces. (P)

DEGAGEMENT forcé, (Escrime.) est celui que l’ennemi nous contraint de faire, parce qu’il se force de détourner notre épée de la ligne, voyez Ligne. Il peut la détourner de deux façons, & ainsi le dégagement forcé est de deux sortes : le premier, lorsque l’ennemi place le fort de son épée sur le foible de la vôtre, & le presse de sorte qu’il en est le maître : le second, lorsque l’ennemi veut frapper votre épée de la sienne pour vous la faire tomber, ou seulement pour la détourner.

Pour exécuter le premier dégagement forcé, il faut dans l’instant que l’ennemi force votre épée, dégager comme il est enseigné au dégagement volontaire ; voyez Degagement volontaire ; en observant que votre lame ne quitte pas la sienne, & en parant de quarte si vous avez dégagé de tierce en quarte, & en parant de tierce si vous avez dégagé de quarte en tierce.

Pour le deuxieme dégagement forcé, dès qu’on s’apperçoit du mouvement que l’ennemi fait pour frapper votre épée, il faut en baisser la pointe comme si vous vouliez lui piquer le bout du pié droit, & la remonter tout de suite à sa place, en observant qu’elle ne remonte pas plus haut ; nota, que pour éviter de faire ce mouvement avec secousse, il faut qu’il parte de l’épaule, & que le bras & l’épée ne fassent qu’un.

Remarquez qu’il est indifférent de quel côté l’ennemi veuille frapper votre épée, puisque pour éviter qu’il ne la touche, vous devez toûjours faire le même mouvement. Observez de plus, qu’il ne faut ni dégager ni tourner la main, parce que l’ennemi par son mouvement fait passer son épée d’un côté à l’autre, & que vous n’avez pas besoin d’opposer.

On dit de celui qui exécute bien ce dégagement, qu’il a le dégagement fin, parce que l’ennemi ne peut jamais frapper son épée.

Degagement volontaire, (Escrime.) est celui qui se fait de soi-même, sans y être contraint par l’épée de l’ennemi.

Pour exécuter ce degagement, il faut que la pointe de votre épée passe très-près de la garde, & du dessous du talon de celle de l’ennemi, & qu’en même tems vous leviez le poignet à la hauteur du nœud de l’épaule, & que vous tourniez la main comme si vous pariez tierce ou quarte, &c. de quarte ou de quarte-basse si vous dégagez du dehors des armes au-dedans, & de tierce ou de tierce-basse si vous dégagez du dedans des armes au-dehors.

Degagement, c’est, dans la Gravûre en bois, l’action de repasser fortement la pointe à graver autour des traits & des contours déjà gravés, soit qu’ils embrassent ou non les places ou champs à vuider ; ainsi c’est avoir disposé le bois à ces endroits à pouvoir être enlevé sans courir risque d’enlever en même tems les traits & contours. Voyez Gravure en bois, & les principes de cet art.

Degagement, c’est encore, dans la Gravûre en bois, l’action d’avoir enlevé peu-à-peu le bois avec le fermoir autour des traits ou contours qui bordent les champs à vuider, de sorte qu’il n’y reste que le milieu du bois de ses champs à enlever avec la gouge, quelquefois à coup de maillet, quand il est trop grand pour l’enlever avec la main & sans le secours de cet outil. Voyez à Gravure en bois, &c. les principes de cet art.

Plusieurs Graveurs en bois, au lieu du terme de dégager, se servent simplement de celui de dire avoir passé la pointe, pour dire qu’ils ont préparé les champs à lever, de maniere à ne pas craindre qu’en les vuidant ils enlevent avec les contours ou les traits gravés sur la planche. Voyez Passer la pointe. Ces articles sur la Gravûre sont de M. Papillon, Graveur en bois.