L’Encyclopédie/1re édition/DIFFIDATION

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DIFFIDATION, s. f. (Hist.) en Allemagne, dans des tems de barbarie & d’anarchie, chaque prince ou seigneur se faisoit justice à lui-même, & croyoit pouvoir en sûreté de conscience aller piller, brûler, & porter la desolation chez son voisin, pourvû qu’il lui eût fait signifier trois jours avant que d’en venir aux voies de fait, qu’il étoit dans le dessein de rompre avec lui, de lui courir sus, & de se dégager des liens mutuels qui les unissoient : cette espece de guerre ou de brigandage se nommoit diffidation. Cet abus fut long tems toleré par la foiblesse des empereurs ; & au défaut de tribunaux autorisés pour rendre la justice, on exigeoit seulement qu’on remplît certaines formalités dans ces sortes de guerres particulieres, comme de les déclarer trois jours avant que d’en venir au fait ; que la déclaration fût faite aux personnes mêmes à qui on en vouloit, & en présence de témoins, & qu’on eût de bonnes raisons à alléguer : on ne défendoit alors que les diffidations ou guerres clandestines : mais Fréderic III. vint à bout de suspendre ces abus pour dix ans, & son fils Maximilien I. les fit enfin abolir entierement dans la diete de Worms en 1495. (—)