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L’Encyclopédie/1re édition/DIVIN

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DIVIN, adj. (Gramm. & Theol.) qui appartient à Dieu, qui a rapport à Dieu, qui provient de Dieu : ainsi l’on dit la science divine, la divine providence, la grace divine, &c.

Ce mot s’employe aussi dans un sens figuré, pour désigner quelque chose d’excellent, d’extraordinaire, qui semble surpasser les forces de la nature & la portée ordinaire de l’esprit humain.

C’est dans ce sens que le compas, le télescope, les horloges, l’Imprimerie, &c. ont été quelquefois appellés des inventions divines. On a donné à Platon le surnom de divin, ou à cause de l’excellence de son génie, ou parce qu’il a parlé de la Divinité d’une maniere plus noble & plus élevée que tous les philosophes payens. Quelques-uns ont aussi prodigué, assez mal-à-propos ; ce me semble, la même épithete à Seneque. On a un peu plus de fondement à appeller Hippocrate le divin vieillard, divine senex, à cause de la perfection à laquelle il porta un art infiniment plus utile que la philosophie spéculative. Les Théologiens en citant les PP. les nomment divus Augustinus, divus Thomas.

Les Arabes donnent le nom de divin (elahioun) à la seconde secte de leurs philosophes : ce sont ceux qui admettent un premier moteur de toutes choses, une substance spirituelle dégagée de toute espece de matiere, en un mot un Dieu. Par ce nom ils distinguent ces philosophes de ceux de la premiere secte, qu’ils appellent deherioun ou thabaioun, c’est-à-dire les hommes du monde, les naturalistes, qui n’admettent d’autre principe que le monde matériel & la nature. Chambers.

Le mot elahioun est dérivé d’Allah, Dieu ; ensorte que les elahioun ou les divins sont les théologiens par opposition aux esprits forts & aux athées. (G)

Divin, emplâtre divin, emplastrum divinum, (Pharmac.) On a donné ce nom à l’emplâtre dont nous allons donner la description, à cause des grandes vertus qu’on lui a attribuées.

Emplâtre divin de la pharmacopée de Paris. ♃ de la litharge préparée, une livre ; de l’huile d’olive, deux livres ; de l’eau commune, une suffisante quantité : cuisez-les ensemble en consistance d’emplâtre ; après quoi faites-y fondre cire jaune huit onces, puis y mêlez selon l’art la poudre suivante.

galbanum, myrrhe, de chaque deux onces & deux gros ; bdellium, deux onces ; gomme ammoniaque, trois onces & trois gros ; encens mâle, une once & un gros ; opopanax, mastic, aristoloche ronde, verd-de-gris, de chaque une once : faites du tout une poudre selon l’art.

Nota que si vous voulez que l’emplâtre soit rougeâtre, il faudra faire cuire le verd-de-gris en même tems que la litharge ; & au contraire si on veut que l’emplâtre soit verdâtre, il faudra l’y mêler après les poudres.