L’Encyclopédie/1re édition/DYDIME

La bibliothèque libre.
DYNAMIQUE  ►

* DYDIME, s. m. (Géog. mod. & Divination.) lieu célebre dans l’île de Milet, par un oracle d’Apollon que Licinius consulta, dit-on, sur le succès de la guerre qu’il se proposoit de recommencer contre Constantin, & qui lui répondit en deux vers d’Homere : Malheureux, ne t’attaque point à de jeunes gens, toi que les forces ont abandonné, & qui es accablé sous le faix des années. On ajoûte que l’empereur Julien, qui n’étoit pas un petit génie, fit ce qu’il put pour remettre cet oracle en honneur, & qu’il prit lui-même le titre de prophete de l’oracle de Dydime. Mais il ne faut pas donner dans ces contes d’oracles. Quelle que soit l’autorité qui les appuie, elle ne supplée jamais entierement à la vraissemblance qui leur manque par leur nature. Il faut s’en tenir fermement à l’expérience, qui leur est contraire dix mille fois, pour une seule où elles ne les autorise ni ne les contredit. Il faut bien se garder sur-tout de confondre ces faits, avec les faits naturels & historiques. Ceux-ci acquierent de plus en plus de la certitude avec le tems ; les autres en perdent toûjours de plus en plus. Le témoignage de la tradition & de l’histoire est par rapport aux uns & aux autres, comme le témoignage d’un homme que nous surprendrions en mensonge sur un certain genre de faits, toutes les fois que nous serions à portée de les vérifier, & qui nous diroit constamment la vérité sur un autre genre de faits. N’y auroit-il pas beaucoup d’apparence que cet homme auroit menti, même dans les occasions où nous n’aurions pû nous en assûrer ; & cette seule réflexion ne suffit-elle pas pour renverser toutes les inductions que les esprits forts ont prétendu tirer des oracles & des autres miracles du paganisme ? Voy. Oracles.