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L’Encyclopédie/1re édition/ECLAIRE

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ECLAIRE, s. f. (Hist. nat. botan.) chelidonium, genre de plante à fleurs composées de quatre pétales disposés en forme de croix ; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit ou une silique, qui n’a qu’une capsule dont les panneaux tiennent à un chassis, & qui renferme des semences arrondies pour l’ordinaire. Tournefort, instit. rei herbar. Voyez Plante. (I)

Eclaire, (Pharm. Matiere médic.) ou grande Chelidoine, chelidonium majus. L’éclaire prise intérieurement, leve les obstructions, excite les urines & les sueurs, guérit la cachexie & l’hydropisie ; est fébrifuge, & particulierement destinée à la jaunisse, & cela originairement sans doute à cause de son suc jaune (voyez Signature.) On prescrit la poudre de la racine seche, jusqu’à un demi-gros ou un gros, & une once de la racine fraiche infusée dans deux livres de vin, ou boüillie dans trois livres d’eau, & donnée à la dose de six onces. On mêle trois ou quatre gouttes du suc jaune de cette plante dans un verre de vin, ou dans quelque liqueur convenable.

Quelques-uns disent que la racine de cette plante étoit le remede spécifique de Vanhelmont contre l’hydropisie ascite.

Cette plante appliquée extérieurement, déterge & mondifie les ulceres & les plaies, sur-tout celles qui sont vieilles ; on employe dans ces cas, soit ses feuilles pilées, soit sa poudre, soit son suc jaune.

Si on applique la même plante écrasée sur la dartre milliaire, elle l’arrête efficacement, & la guérit. Geoffroy, Mat. médic.

Mais c’est sur-tout pour les maladies des yeux qu’on a vanté cette plante. Le suc jaune qui découle de la tige que l’on a rompue, introduit dans l’œil, est recommandé par quelques auteurs pour en déterger les ulceres, & pour en guérir les taies ; mais comme il est fort âcre, on le mêle avec quelque liqueur convenable. L’eau distillée de la plante, passe aussi pour un merveilleux remede ophthalmique.

On tient dans les boutiques l’eau distillée de la plante, son extrait & sa racine séchée. Son eau est de la classe de ces eaux inutiles qui n’emportent de la plante qu’une odeur herbacée ; c’est pourquoi on ne doit point du-tout ajoûter foi à ce qu’on dit de ses vertus.

Quelques auteurs disent qu’il ne faut pas donner cette plante en trop grande dose ; & Emanuel Kœnig assûre que si l’on fait prendre l’infusion de deux onces de sa racine, elle produit des symptomes horribles. Lobel croit qu’il faut rarement s’en servir pour l’usage intérieur, & Rai croit qu’il ne faut employer son suc, qui est très-âcre pour les maladies des yeux, qu’en y mêlant des remedes qui peuvent réprimer son acrimonie.

C’est de cette plante que l’on croyoit (selon Dioscoride) que les hirondelles se servoient pour rendre la vûe à leurs petits à qui on avoit crevé les yeux ; mais Celse a rejetté cette prétendue vertu, qu’il a traitée de fabuleuse.

Les feuilles d’éclaire entrent dans l’onguent mondicatif d’ache, dans l’eau vulnéraire : sa racine, ses feuilles & son suc entrent dans l’emplâtre diabotunum. (b)