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L’Encyclopédie/1re édition/ECRAN

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ECRAN, s. m. petit meuble fait ordinairement de carton, qui sert à garantir les yeux de la trop grande ardeur du feu. Il y en a de différente grandeur & de différente forme.

Ecran, (Chimie.) il differe de l’ordinaire par une ouverture qu’il a dans son milieu, & en ce qu’il n’est communément destiné à garantir que la vûe de l’action du feu. Et en effet, il faudroit être bien mal informé, pour croire que des hommes qui se font honneur de passer pour être plus que négligés dans leur extérieur, enveloppés & imprégnés d’une atmosphere empoisonnée, enfumés & barbouillés de charbon, pensassent à conserver autre chose qu’un organe, qui ne leur est même cher, que parce qu’il leur est nécessaire à observer les progrès & les changemens de leurs opérations. La nécessité de l’exposer à ce sujet pendant un tems considérable à l’action d’un feu vif, a fait imaginer aux artistes de faire au milieu de leur écran, une fente large d’une ligne ou deux tout-au-plus, afin qu’il ne parvînt à leurs yeux qu’un très-petit nombre de rayons ignés, suffisant pour leurs observations, mais incapables de les ébloüir. Cette fente est transversale ou verticale, & doit avoir une embrasure considérable du côté qu’on présente au feu, afin que la vûe puisse s’étendre de haut en-bas si la fente est transversale, ou de droite à gauche si elle est verticale. Cet instrument est fait d’une planche mince, à-peu-près large d’un pié en tout sens. On conçoit assez que la figure en doit être arbitraire ; peu importe qu’il soit rond ou quarré, & que les bords en soient unis ou découpés : on y attache un manche d’environ six pouces de long. On en voit un à fente perpendiculaire dans le septieme livre de la métallique d’Agricola ; Evonymus & Cramer le figurent transversal : Libavius en représente de deux façons, pag. 177, de scevasticâ artis. Mais l’écran dont on vient de parler ne remplit qu’en partie les vûes qu’on se propose ; les yeux sont encore exposés aux étincelles & au feu, quoique la quantité de rayons qui leur en parvient soit moins considérable. Il est donc plus à propos de les faire passer à-travers un verre bien poli, afin qu’il ne leur occasionne point de réfractions. Il est vrai que le bois en se coffinant par le feu peut le rompre, mais il faut lui substituer le carton. Le manche nécessaire en pareil cas, a une partie faite en fer-à-cheval, divisée en deux par un trait de scie, pour embrasser le carton, que l’on fixe au moyen d’un petit clou à chaque branche ; & pour lors au lieu d’une fente étroite, on pratique une ouverture rectangle, longue de 4 ou 5 pouces, & large de 2 ou 3 pour loger un verre de mêmes dimensions : on a soin de noircir cet ustensile, afin que les yeux ne reçoivent point de rayons étrangers, qui les fatiguent & les détournent de l’objet principal. Quoique les Chimistes ayent occasion de se servir d’écran dans beaucoup d’opérations, néanmoins ils n’en font presque d’usage que dans les essais, auxquels il semble être plus particulierement destiné. Ce n’est pas que la plûpart des opérations ordinaires de la Chimie ne demandent des attentions & de l’assiduité ; mais on n’y a pas la vûe si continuellement exposée à l’ardeur du feu, que dans les essais, sur-tout quand ceux-ci se font dans le fourneau de Coupelle, qui est le plus en usage en Docimastique. Il est aisé de concevoir qu’une mouffle environnée de charbons de toutes parts, doit lancer par son ouverture des rayons de feu d’autant plus vifs, que sa construction les rend moins divergens. Voyez nos Planches de Chimie, & l’article Essai. (f)

* Ecran, (Verrerie.) portion de cerceau, qui entoure la tête des gentilshommes qui font le verre à vitre. Elle finit par deux cornes, au-bout desquelles est attaché un linge qui pend pour parer les yeux & le visage, pendant qu’on travaille.