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L’Encyclopédie/1re édition/ELATERIUM

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ELATERIUM, (Pharmacie & Matiere médicale.) Ce mot qui vient du grec ἐλαύω, ἐλάω, je chasse avec force, étoit employé par Hippocrate pour exprimer les purgatifs violens ; on le donna ensuite au concombre sauvage, & enfin il fut consacré pour exprimer une préparation du suc de cette plante ; préparation fort usitée chez les anciens, & dont Hippocrate même fait mention.

Il paroît qu’on apportoit beaucoup d’attention à la préparation de ce remede ; que les différens auteurs qui nous l’ont transmise ont décrit cependant d’une maniere si confuse & si peu uniforme, qu’ils ne nous ont pas appris ce que c’étoit précisément.

Dioscoride, qui paroît en avoir parlé le plus clairement, dit qu’il faut aller sur le lieu où sont les concombres sauvages, dont les fruits touchent à leur parfaite maturité, les mettre dans l’instant qu’on les a cueillis sur un tamis, les y fendre en deux, recevoir dans un bassin posé sous le tamis le suc qui coulera, en séparer quand il sera tout ramassé & reposé la partie claire d’avec l’épaisse & mucilagineuse, & garder celle-ci, qui étant desséchée, étoit le véritable & le meilleur elaterium.

Comme les fruits du concombre sauvage ne mûrissent que les uns après les autres, qu’il falloit les prendre au moment précis, pour ainsi dire, qui précédoit leur maturité parfaite, parce qu’un moment plus tard ils tomboient d’eux-mêmes & dardoient leurs graines & leur suc, ce qui les rendoit inutiles ; M. Boulduc, mém. de l’acad. royale des Sciences, année 1719, juge que la pratique des anciens devoit être fort pénible, si elle n’étoit quelque chose de plus.

Galien, ou du moins l’auteur de l’ouvrage intitulé de dynamidiis, donne la façon de faire l’elaterium en ces termes : exprimez, dit-il, le suc du concombre sauvage tandis qu’il n’est pas encore mûr, après quoi versez ce suc exprimé dans un vase plein d’eau ; ramassez ce qui surnagera, & le faites secher au soleil.

Mais quoi qu’il en soit de la façon de préparer l’elaterium, on ne s’en sert plus aujourd’hui parmi nous, malgré tous les travaux de M. Boulduc, qui s’est attaché à en faire un qui pût produire les effets qu’en promettoient les anciens ; objet qu’il a rempli en tirant de la racine seche de concombre sauvage, par une simple décoction, un extrait qu’il préféroit à celui de toutes les autres parties de la même plante, & qu’il a reconnu par expérience pour un hydragogue fort doux, mais puissant à la dose de 24 jusqu’à 30 grains. Le même M. Boulduc recommande aussi le fruit du concombre sauvage, séché & pulvérisé, comme un bon hydragogue.

Les expériences de notre académicien lui ont appris que le concombre sauvage ne contenoit presque pas de principe résineux, & que c’étoit une plante purement extractive.

Les anciens faisoient prendre l’elaterium depuis 4 grains jusqu’à 12, à cette dose il purgeoit par le vomissement & par les selles. Voyez. (b)