L’Encyclopédie/1re édition/ENARTHROSE

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ENARTHROSE, s. f. (Anat.) c’est une des trois especes de diarthrose, c’est-à-dire d’articulation osseuse avec mouvement : les deux autres sont l’arthrodie & le ginglyme.

L’énarthrose se fait, dit-on, lorsqu’une grosse tête d’os est reçue dans une cavité profonde, comme la tête du fémur dans la cavité des os innominés ; l’arthrodie a lieu lorsqu’une tête plate est reçue dans une cavité superficielle, comme la tête de l’os du bras dans la cavité glénoïde de l’omoplate ; le ginglyme consiste dans la réception mutuelle de deux os, comme est celle de l’humerus & du cubitus. Voici maintenant l’origine de ces mots grecs, & de tous ceux des articulations.

Les anciens considérant que les os du corps humain sont joints ensemble de diverses manieres, les uns avec mouvement & les autres sans mouvement, ont inventé plusieurs termes pour spécifier la différence de ces assemblages ; cependant malgré les soins qu’ils se sont donnés, & l’obligation qu’on leur doit d’avoir ouvert cette carriere épineuse, ils ont fait de vains efforts pour accommoder à leurs termes toutes les articulations qui se présentent dans le corps de l’homme, outre que les termes qu’ils ont employés expriment quelquefois assez mal les choses auxquelles ils ont voulu les consacrer. Les modernes s’en étant apperçus, ont ajoûté par supplément de nouvelles subdivisions aux anciennes ; mais loin d’éclaircir cette matiere, ils l’ont rendue plus abstraite & plus inintelligible.

Ces réflexions ont engagé M. Lieutaud à abandonner l’ancienne méthode sur les noms des articulations, & à lui substituer une nouvelle théorie, qui nous paroît plus simple, plus naturelle que celle qu’on suit ordinairement, & qui du moins a l’avantage d’être proportionnée aux connoissances de ceux qui commencent. On trouvera dans son Anatomie l’exposition de sa méthode ; car il ne s’agit pas ici d’entrer dans ce détail : il nous suffira de remarquer avec cet auteur, que c’est parler improprement, de donner le nom de connexion à l’énarthrose, à l’arthrodie, & au ginglyme.

En effet, qu’on coupe dans un squelete frais les ligamens de l’articulation du fémur, comme le dit M. Lieutaud, on ne détruit point l’énarthrose ; cependant les es se séparent, & on ne sauroit les rassembler, si on ne les attache par des liens artificiels : concluons que ce sont les ligamens dans le squelete frais, & le fil de laiton dans le sec, qui font la connexion du fémur avec les os innominés, & non pas l’énarthrose, qui ne sert tout au plus qu’à marquer le mouvement que doit avoir la partie, de même que l’arthrodie & le ginglyme. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.