L’Encyclopédie/1re édition/ENEORÊME

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ENEORÊME, s. m. (Medecine.) ἐναιώρημα ; c’est, selon Hippocrate & les autres medecins grecs, la partie hétérogene des urines gardées un certain tems, qui paroît distinguée par plus d’opacité, & qui est comme suspendue entre la surface de ce fluide excrémentitiel, & le fond du vase dans lequel il est contenu.

Si la matiere de l’éneorême se tient à la partie supérieure de l’urine, elle est appellée par cet auteur, Epid. lib. III. μετέωρον, sublimamentum : si elle se soûtient dans le milieu, sous la forme de nuage, il la nomme νεφέλη, nubecula : si elle est plus pesante, & tend vers le fond du vase ; si elle paroît avoir plus de consistance, & ressemble à la matiere spermatique, il lui donne le nom de γονοειδὲς, genituræ similis.

Ces différens éneorêmes sont composés de parties huileuses, & d’un sable plus ou moins atténué, de sorte qu’il est plus ou moins leger, & se tient plus ou moins élevé dans l’urine. Selon Boerhaave, Comment. institut. §. 382. la nubécule est principalement formée de sel muriatique. Il dit avoir observé que ceux qui ont vécu pendant long-tems d’alimens salés, & n’ont pas bû beaucoup, comme les matelots après des voyages de long cours, rendent des urines dans lesquelles on voit toûjours la nubécule. Si on la considere avec le microscope, on y distingue les parties du sel marin.

Pour ce qui est des présages que l’on peut tirer de l’éneorême, par rapport à ses différences de consistance & de couleur, voyez Urine. (d)