L’Encyclopédie/1re édition/ENTRAILLES
ENTRAILLES, s. f. plur. (Anatomie.) intestins, boyaux. Avoir les entrailles échauffées, rafraîchir les entrailles. Il se prend quelquefois dans un sens plus général, pour tous les visceres, toutes les parties renfermées dans le corps des hommes & des animaux. L’inspection des entrailles des victimes a aidé à connoître la structure du corps sain.
L’oblation des victimes étoit une cérémonie religieuse de nos premiers parens, comme on le voit par l’histoire d’Abel dans la Genese, & par les plus anciennes fables de l’âge d’or. On auroit crû déplaire à la divinité, & ne pouvoir appaiser sa colere, si la victime eût été souillée de la moindre maladie ; c’est pourquoi nous lisons dans le Lévitique qu’on n’immoloit que les animaux les plus sains & les plus purs, & c’est ainsi que les prêtres commencerent à s’appliquer à connoître les marques distinctives de la santé & de la maladie. Voyez Anatomie. Chambers. (L)
* Entrailles, (Mythol.) c’étoient les parties des animaux que les aruspices consultoient particulierement. Il faut voir avec quelle impiété Cicéron parle de cette pratique de sa religion. Il suit de son discours que l’inspection des entrailles est la derniere des extravagances ; & que ceux qui en sont chargés, sont assez communément des imposteurs. C’est à cette occasion qu’il rapporte un mot de Caton, qui auroit pû avoir lieu dans une infinité d’autres cas, si la prévention n’eût point fasciné les yeux & les esprits. Caton disoit « qu’il étoit toûjours étonné qu’un aruspice qui en rencontroit un autre, ne se mît pas à rire ».