L’Encyclopédie/1re édition/ERABLE

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ERABLE, s. m. acer, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit composé de deux, & quelquefois de trois capsules, qui sont terminées chacune par un feuillet membraneux, & qui renferment une semence arrondie. Tournef. inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Erable, (Jardinage.) c’est un arbre de différente grandeur, selon les diverses especes de son genre. Plusieurs de ces érables croissent naturellement en Europe, quelques-uns dans le Levant, & le plus grand nombre en Amérique. Il est peu d’arbres qui rassemblent autant de variété, d’agrément & d’utilité que ceux-ci, qui croissent avec plus de vîtesse & d’uniformité, qui s’accommodent mieux des plus mauvaises expositions, & qui exigent moins de soins & de culture ; qui résistent mieux à toutes les intempéries des saisons, & que l’on puisse pour la plûpart multiplier avec plus de facilité.

Toutes les especes d’érables que l’on connoît, semblent faites pour la température de ce climat ; elles y réussissent à souhait ; elles s’y soûtiennent contre quantité d’obstacles qui arrêtent beaucoup d’autres arbres, & elles remplissent tout ce qu’on en peut attendre. Dans les terres seches & legeres, dans les lieux élevés & arides, dans les terrains les plus superficiels, on voit les érables profiter, grossir & s’élever aussi-bien que s’ils étoient dans les meilleures terres de vallée. Les différentes especes de cet arbre offrent à plusieurs égards une variété dont on peut tirer grand parti pour l’embellissement des jardins ; la verdure de leur feuillage fait autant de différentes nuances qu’il y a d’especes d’érables : la forme & la largeur des feuilles varient également ; elles paroissent de bonne heure au printems, & ne tombent que fort tard en automne : il y a aussi quelques especes qui donnent des fleurs d’une assez belle apparence. On peut distinguer les différentes especes d’érables, en grands & en petits arbres. Les grands érables forment de belles tiges bien droites ; ils ont l’écorce unie & la feuille fort grande : on peut les préférer à beaucoup d’autres arbres pour faire des avenues, des bosquets, & du couvert. Les petits érables ont un accroissement plus lent, le bois plus menu, & la feuille plus petite : ils sont très-propres à former des palissades & des haies à hauteur d’appui ; à quoi ils conviennent souvent d’autant mieux, qu’ils ont le mérite singulier de croître à l’ombre & sous les autres arbres.

Voici les différentes especes d’érables les plus connues jusqu’à présent.

L’érable-sycomore, grand arbre qui croît naturellement dans quelques forêts de l’Europe & de l’Amérique septentrionale, & plus ordinairement dans les pays de montagnes. Sa tige est fort droite, son écorce est unie & roussâtre : sa feuille est large, lisse, découpée en cinq parties principales, d’un verd-brun en-dessus, & blanchâtre en-dessous : ses fleurs viennent en grappes longues & pendantes ; elles sont d’une couleur herbacée, qui n’a nulle belle apparence : la graine qui en provient est à-peu-près de la forme d’un pepin d’orange ; elle est renfermée dans une double écaille, qui est terminée par une aîle legere. Cet arbre est très-propre à faire des allées & du couvert sur les lieux élevés & dans les plus mauvais terrains ; il s’y soûtient contre les grandes chaleurs & les longues sécheresses, même dans les provinces méridionales de ce royaume, où l’on n’a pas eu de meilleure ressource que de recourir au sycomore pour remplacer avec succès différentes especes d’autres arbres qui avoient péri successivement dans une partie du cours d’Aix en Provence, soit à cause de la grande chaleur de ce climat, soit par rapport à la mauvaise qualité du sol. Cet arbre réussit également dans les bonnes terres de la plaine & sur les croupes des montagnes exposées au nord ; il ne redoute aucune mauvaise qualité de l’air. M. Miller assûre que le sycomore soûtient mieux qu’aucun autre arbre les vapeurs de la mer. Mais un autre avantage particulier à cet arbre, c’est qu’il résiste parfaitement à la continuité & à la violence des vents ; ensorte que pour se garantir de leur impétuosité, & défendre à cet égard les bâtimens, les plantations & tout espace que l’on veut abriter, c’est cet arbre que l’on doit y employer par préférence. Le sycomore devient en peu de tems un gros & grand arbre ; il se garnit d’un feuillage épais, qui donne beaucoup d’ombre & de fraîcheur : il est si robuste, que les hyvers les plus rigoureux de ce climat ne lui portent aucun préjudice, même dans sa premiere jeunesse, & qu’il soûtient le froid excessif qui se fait dans le Canada, où cet arbre est fort commun, & où l’on en tire la seve par incision, dont on fait de bon sucre. Le bois du sycomore est sec, leger, sonore, brillant, & d’une qualité fort approchante de celle du bois de hêtre : il n’est pas sujet à se tourmenter, à se déjetter ni à se fendre ; on l’employe aux petits ouvrages des Tourneurs, Menuisiers, Sculpteurs, Armuriers, Ebénistes & Luthiers. Il est propre aux mêmes usages que le bois du tilleul & du hêtre : c’est le meilleur de tous les bois blancs. On peut multiplier cet arbre de graine, de branches couchées, ou par le moyen de la greffe, sur les autres érables, & même en plantant les racines qu’on auroit retranchées du tronc d’un sycomore. Mais cet arbre a quelques petits défauts ; ses feuilles sont d’un verd trop brun, & elles sont sujettes à être gâtées par les insectes. Il est vrai que sa verdure est fort brune, & même encore plus foncée lorsque l’arbre commence à pousser ; ce qui étant entierement opposé au verd naissant & tendre de presque tous les autres arbres, c’est un contraste de verdure dont on pourra tirer parti. On convient aussi que les hannetons attaquent souvent les feuilles du sycomore ; mais ils ne l’endommagent pas assez, pour que l’arbre fasse un aspect desagréable.

L’érable-sycomore panaché : c’est une variété de l’espece précédente, dont cet arbre ne differe que par la couleur de ses feuilles, qui sont plus ou moins bigarrées de jaune & de verd, & qui font un agrément singulier. On sait que ce mêlange de couleur, qui n’est qu’un accident occasionné par la foiblesse ou la maladie de l’arbre, ou par la mauvaise qualité du terrain, ne se soûtient dans la plûpart des autres arbres panachés, qu’en les multipliant par la greffe, ou en couchant leurs branches, & nullement en semant leurs graines, attendu que les plantes qui en naissent, rentrent dans l’état naturel. Mais il en est autrement du sycomore panaché, dont on peut conserver la diversité de couleur, non-seulement en couchant ses branches ou en le greffant sur le sycomore ordinaire, mais encore en semant sa graine, qui produit des plants dont la plûpart sont panachés.

L’érable plane, grand arbre qui fait une belle tige très droite, dont l’écorce est lisse & blanchâtre. Sa feuille a beaucoup de ressemblance avec celle du platane, ce qui lui a fait donner le nom d’érable plane : mais elle n’est ni si grande ni si épaisse, ni d’un verd si tendre que celle du platane. Ses fleurs viennent en bouquets de couleur jaune, qui ont quelqu’apparence ; elles commencent à paroître avant les feuilles, à la fin d’Avril. La graine qui en provient est plate & terminée par une aîle, comme celle du sycomore. Après le platane, c’est l’un des plus beaux arbres que l’on puisse employer pour l’embellissement des jardins ; il a toutes les bonnes qualités du sycomore, avec lequel il a tant d’analogie & de ressemblance, qu’on peut faire à l’érable plane l’application de tout ce que l’on vient de dire du sycomore ; mais il n’a pas, comme celui-ci, le défaut d’avoir des feuilles d’un verd trop rembruni, ni d’être sujet aux attaques de quelques insectes, qui au contraire ne portent aucune atteinte aux feuilles de l’érable plane, dont la verdure tendre & agréable se soûtient avec égalité pendant toute la belle saison, & ne passe que fort tard en automne. Son feuillage étant encore plus fourni que celui du sycomore, il fait un meilleur couvert, & de plus belles allées en palissade sur tige, pour lesquelles l’érable plane est des plus convenables ; mais il faut donner à ces arbres un quart de distance moins qu’aux tilleuls, parce que cette espece d’érable prend plus de hauteur que d’extension. Cet arbre croît encore plus promptement que le sycomore : j’ai vû souvent des plants venus de semence en terrain sec, s’élever jusqu’à douze piés en trois ans. Les Anglois lui donnent le nom d’érable de Norwege, parce que vraissemblablement il leur est venu de ce pays-là, où il est fort commun. Mais comme la plûpart des Jardiniers de Paris, & ceux des provinces à plus forte raison, confondent cet arbre avec le sycomore, il est à-propos de rapporter ici quelques caracteres apparens, qui puissent les faire distinguer l’un de l’autre. L’érable plane a l’écorce blanchâtre sur le vieux bois, les boutons rougeâtres pendant l’hyver, la feuille plate, mince, & d’un verd tendre ; les fleurs jaunes, disposées en bouquets relevés, & la graine applatie : le sycomore au contraire a la tige plus grosse, la tête plus étendue, l’écorce roussâtre, les boutons jaunes en hyver, la feuille plus épaisse, plus brune, & un peu repliée en-dessus ; les fleurs d’un-petit jaune verdâtre, bien moins apparentes, disposées en grappes pendantes, & sa graine est ronde.

L’érable plane, panaché : c’est une variété de l’espece qui précede, & à laquelle on peut appliquer ce qui a été dit plus haut du sycomore panaché, si ce n’est pourtant qu’il n’est pas encore certain qu’en semant les graines de celui-ci, on doive s’attendre que les nouveaux plants conserveront la même variété.

Le petit érable plane, ou l’érable à sucre : arbre de moyenne grandeur, qui croît naturellement dans la Virginie, où il est fort commun, & où on lui donne le nom d’érable à sucre. Sa tige est très-droite & fort menue, son écorce est cendrée ; les boutons des jeunes branches sont d’une couleur très-brune pendant l’hyver : sa feuille a beaucoup de ressemblance avec celle de l’érable plane ordinaire ; mais elle est plus grande, plus mince, & d’un verd plus pâle, tenant du jaunâtre en-dessus, mais un peu bleuâtre en-dessous. Son accroissement est beaucoup plus lent que celui de l’érable plane dont on a parlé ; il étend bien moins ses branches, & il ne fait qu’une petite tête : il donne de la verdure de très-bonne heure au printems, & avant tous les autres érables. Cet arbre est encore fort rare en France ; mais il y en a plusieurs plants dans les jardins de M. de Buffon à Montbard en Bourgogne, qui, quoiqu’âgés de dix ans, n’ont encore donné ni fleur ni graine. Cet arbre est très robuste, il soûtient les grandes chaleurs aussi-bien que les longues sécheresses ; il résiste à l’effort des vents impétueux & à la rigueur des grands hyvers, & il prend plus d’accroissement dans un terrain sec & élevé, que dans les bonnes terres de vallée. On prétend que les habitans de la Virginie font de bon sucre, & en grande quantité, avec la seve qu’ils tirent de cet arbre par incision.

L’érable blanc ; arbre de moyenne grandeur, originaire de l’Amérique septentrionale, sur-tout de la Virginie, où il est plus commun qu’ailleurs. Il fait une belle tige droite : son écorce sur le vieux bois est plus blanche que celle d’aucune espece d’érable ; mais celle des jeunes rameaux est rougeâtre, ainsi que les boutons, pendant l’hyver : ses feuilles d’un verd brillant en-dessus, & argentin en-dessous, font une des grandes beautés de cet arbre ; elles deviennent rougeâtres avant leur chûte en automne. Dès le mois de Janvier, dans les hyvers peu rigoureux, il commence à donner des fleurs rougeâtres qui durent plus d’un mois, & qui sont assez apparentes pour faire un aspect agréable dans une telle saison : les graines qui succedent, & qui sont de la même couleur, font durer le même agrément pour autant de tems : peu après ces graines se trouvent en maturité, à moins que les fleurs n’ayent été flétries par les gelées du printems, qui gâtent si souvent les graines en Bourgogne, que des arbres de vingt ans n’en ont point encore rapporté. Cet arbre exige plus de choix sur la qualité du sol, que les autres especes d’érable ; il perd de sa beauté dans les terrains secs, élevés & superficiels : ce n’est pas qu’il n’y grossisse & qu’il n’y prenne de l’élevation autant que les autres arbres de son genre ; mais il n’y donne que de petites feuilles qui font peu d’ombrage, & qui tombent de bonne heure, souvent même dès le commencement du mois de Septembre dans les années trop seches. Il faut donc à l’érable blanc une bonne terre, quelque culture & de l’humidité, pour l’amener à sa perfection ; du reste il ne dégénere pas des especes qui précedent, pour la vîtesse de l’accroissement & les autres bonnes qualités qu’on leur a attribuées.

L’érable blanc à grandes fleurs : arbre de moyenne grandeur, que l’on nomme communément en Angleterre l’érable de Charles Wager, parce que c’est cet amiral qui l’a fait venir d’Amérique ; mais cet arbre n’est point encore parvenu en France. Il a beaucoup de ressemblance avec le précédent, dont il ne differe que par une beauté qu’il a de plus. Ce sont ses fleurs de couleur écarlate, qui, au rapport de M. Miller, forment de très-grandes grappes, dont les plus jeunes branches sont si bien garnies, qu’à une petite distance l’arbre en paroît tout couvert ; ce qui est cause que l’on ne fait plus tant de cas de l’espece précédente, qui a moins d’agrément, C’est tout ce qu’a dit récemment M. Miller de ce bel arbre, qui auroit bien mérité quelque détail de plus.

L’érable à feuille de frêne ; grand arbre qui nous est aussi venu de la Virginie où il croît communément, & où il devient un des plus gros arbres. Sa tige est droite. Son écorce est cendrée sur le vieux bois, & verte sur les jeunes branches. Sa feuille est différente de celle de toutes les autres especes d’érables ; elle est composée de trois & le plus souvent de cinq lobes ou petites feuilles, tenant à une même queue & irrégulierement échancrées : ce qui a fait donner à cet arbre le nom d’érable à feuille de frêne, quoique cette ressemblance soit fort imparfaite. Ses fleurs, d’une couleur herbacée qui n’a nulle belle apparence, viennent en longues grappes pendantes & applaties. Les graines qu’elles produisent sont plates aussi, toûjours jumelles, & recourbées en-dedans. Cet arbre mérite qu’on s’attache à le multiplier ; on peut en tirer de l’agrément par rapport à son beau feuillage qui est d’un verd tendre, & dont l’aspect a l’air étranger. Il réussit dans tous les terreins ; il résiste à l’intempérie des différentes saisons dans ce climat. Son accroissement est très-prompt, & sa multiplication des plus faciles. Le plus court procédé pour y parvenir, c’est d’en faire des boutures dont le succès n’est jamais équivoque, & conduit d’ordinaire à les voir s’élever jusqu’à sept piés en deux ans ; même dans un terrein leger & sec, pourvû qu’on leur fasse de l’ombre. Il seroit avantageux de multiplier cet arbre par l’utilité que l’on pourroit retirer de son bois, qui est d’aussi bonne qualité que celui des autres especes d’érables.

L’érable à feuille ronde, ou l’opale ; il croît naturellement dans les pays méridionaux de l’Europe, sur-tout en Italie & particulierement aux environs de Rome, où il est l’un des plus grands arbres de ce canton-là, & où on lui donne le nom d’opale. Cet arbre est à peine connu en France ; il est même très-rare en Angleterre, quoique assez robuste pour le plein air. Mais comme M. Miller assûre que l’on fait cas de l’opale en Italie à cause de la beauté de son feuillage, qui faisant beaucoup d’ombre engage à le planter le long des grands chemins & proche des maisons de plaisance, il faut espérer que le goût qui regne pour l’agriculture, portera les amateurs à faire venir des graines de cet arbre pour le multiplier.

L’érable commun, ou le petit érable ; arbre très commun en Europe, tantôt petit, tantôt élevé, selon sa position, ou suivant la qualité du sol. Comme il croît volontiers dans les mauvais terreins, on ne le voit ordinairement qu’en sous-ordre & de la forme d’un arbrisseau dans les haies, les buissons, & les places vagues ; mais s’il se trouve en bonne terre & qu’on lui laisse prendre son accroissement parmi les autres grands arbres des forêts, il s’éleve & grossit avec le tems jusqu’au point, que j’ai vû de ces érables qui avoient plus de cinquante piés de haut, & jusqu’à sept ou huit piés de pourtour. Cet arbre fait de lui-même une tige droite ; & si on le voit souvent tortu & rabattu, c’est parce qu’il aura été endommagé par le bétail, ou dégradé par d’autres atteintes. Son écorce est brute, ridée, & fort inégale, même sur les jeunes branches ; bien différent en cela des autres especes d’érables, qui tous ont l’écorce très-unie. Sa feuille est petite, d’un verd pâle, & découpée en cinq parties principales. Ses fleurs verdâtres & de peu d’apparence, viennent en bouquet. Ses graines sont jumelles, plates, aîlées, & plus petites que celles des grands érables. Cet arbre est très-robuste ; il croît promptement, il se plaît dans tous les terreins, & par préférence dans ceux qui sont sablonneux, élevés, & superficiels ; il se multiplie aisément, & même par la simple voie des boutures ; il réussit très-bien à la transplantation : on peut l’employer de toute hauteur, sans qu’il faille retrancher beaucoup de branches. On en fait usage dans les jardins, pour former des palissades & d’autres embellissemens de cette espece ; mais le cas que l’on fait aujourd’hui de cet arbre, n’est pas fondé sur les seules bonnes qualités que l’on vient de rapporter, il est d’une ressource infinie pour suppléer à la charmille par-tout où elle refuse de venir, soit à cause de la mauvaise qualité du terrein, ou par le défaut d’air suffisant. Le petit érable a le mérite singulier de croître avec succès dans les terres usées & défectueuses, & il réussit également dans les endroits trop resserrés & à l’ombre, & sous le dégouttement des autres arbres. Son bois est blanc & veiné, assez dur quoique leger, & d’un grain fin & sec ; il est bon à brûler, très-propre aux ouvrages du tour, & fort utile à d’autres petits usages.

L’érable de Montpellier ; petit arbre-qui vient naturellement dans les provinces méridionales de ce royaume, sur-tout aux environs de Montpellier où il est commun. Cet arbre peut être comparé à l’érable commun pour le volume ; il fait quelquefois un assez bel arbre. J’en ai vû qui s’étoient élevés à plus de trente piés, & qui en avoient quatre de pourtour ; mais plus ordinairement il n’a pas moitié de ce volume, sur-tout lorsqu’il n’a pas été cultivé. Il ne croît pas si vîte ni si droit que le petit érable. La couleur de son écorce est d’un brun roussâtre. Sa feuille est petite, lisse, ferme, & découpée en trois parties qui sont égales & sans dentelures : elle est d’un verd brun & brillant en-dessus, & d’un petit blanc bleuâtre en dessous. Ses fleurs disposées en bouquet, sont jaunâtres & assez apparentes. Ses graines sont petites, rondes, ailées, & elles viennent par paires ; on pourroit faire usage de cet arbre pour l’ornement d’un jardin, où il seroit plus propre que le petit érable à former des palissades ; ses jeunes rameaux sont plus souples que ceux de ce dernier arbre, il pousse plus foiblement, & sa verdure est plus belle. Quoique originaire des contrées méridionales de ce royaume, il résiste parfaitement au froid de nos provinces septentrionales ; il garnit bien une palissade, sa verdure est stable, & son feuillage n’est nullement sujet à la dépradation des insectes ; il ne se refuse à aucun terrein, il réussit bien à la transplantation, mais il n’est pas facile de le multiplier au loin, parce qu’il faut semer ses graines au moment de leur maturité ; elles ne levent pas dès qu’il faut du retard pour les faire arriver à leur destination, à moins pourtant qu’on n’eût pris la précaution, si utile pour la plûpart des graines, qui est de les envoyer dans de la terre.

L’érable de Candie ; petit arbre originaire des îles de l’Archipel, où il est fort commun. C’est le plus petit de tous les érables connus. J’en ai vû de fort âgés que l’on avoit laissé croître à leur gré dans un bon terrein, & qui n’avoient que dix-huit piés de haut & cinq pouces de diametre. Cet arbre au premier aspect a beaucoup de ressemblance avec le précédent. Son écorce est un peu grise. Sa feuille, qui est aussi découpée en trois parties, a quelques dentelures irrégulieres ; elle est comme celle de l’arbre précédent, d’un verd foncé & brillant en-dessus, & du même verd en-dessous, & la queue qui soûtient cette feuille est très-courte, au lieu que dans l’autre espece elle est fort longue. La fleur & la graine n’ont pas des différences bien sensibles. Cet arbre a toutes les bonnes qualités de l’érable de Montpellier, & quelques avantages de plus ; tels que la facilité de pouvoir le multiplier par le simple moyen des boutures, & le mérite particulier de conserver sa verdure jusqu’à la fin de l’arriere saison. De tous les arbres robustes qui ne sont pas toûjours verds, c’est celui dont la feuille se soûtient le plus long-tems contre les premieres fraîcheurs de l’hyver ; ensorte que le plus souvent elles sont encore bien saines au commencement du mois de Novembre.

Il y a encore trois ou quatre especes d’érables que l’on a découvertes dans le Canada, & qui sont si rares en Europe, qu’elles ne sont point encore assez connues pour en faire ici une description satisfaisante.

Tous ces différens érables donnent presqu’en même tems leurs fleurs à la fin d’Avril, ou au plûtard les premiers jours du mois de Mai, & leurs graines se trouvent en maturité au commencement du mois d’Octobre, à l’exception de celles de l’érable blanc, qui meurissent beaucoup plûtôt. Mais comme ces graines tombent bien-tôt après leur maturité, & qu’elles sont sujettes à être dispersées par le vent à cause de leur legereté, il faut avoir attention de les faire cueillir à propos, si on veut les semer. L’automne est le tems le plus propre à cette opération ; car si on attendoit au printems, elles ne leveroient que l’année suivante. Au bout de deux ans, les plants seront en état d’être transplantés en pepiniere, où il faudra les laisser trois ou quatre ans, après quoi on pourra les placer à demeure. Ces arbres réussissent bien à la transplantation, qui leur cause peu de retard ; ils souffrent la taille en été comme en hyver, & c’est au commencement du mois de Juillet qu’il faut tailler les palissades formées avec les érables de la petite espece. (c)

Erable, (Mat. med.) On ne fait point d’usage de l’érable parmi nous ; on regarde cependant son fruit & ses feuilles comme de bons astringens. L’infusion des feuilles dans du vin, passe sur-tout pour un remede contre le larmoyement involontaire. (b)