L’Encyclopédie/1re édition/ESCULAPE

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* ESCULAPE, s. m. (Myth.) dieu de la Medecine. Il est fils d’Apollon & de Coronis ; il perdit sa mere ; il fut alaité par une chevre ; le centaure Chyron l’éleva ; il apprit de ce maître la Médecine & les propriétés des plantes. Les nombreuses guérisons qu’il opéra exciterent les plaintes du dieu des morts ; Jupiter le foudroya à la sollicitation de Pluton ; Apollon pleura sa mort, & la vengea sur les cyclopes qui avoient forgé le foudre ; Jupiter en fit, à la sollicitation d’Apollon, la constellation du serpentaire. Epidaure lieu de la naissance d’Esculape, lui éleva les premiers autels qu’il ait eus. On le représenta tantôt sous la forme d’un serpent, tantôt sous la figure d’un homme qui tient à sa main un bâton autour duquel un serpent est entortillé ; le coq fut encore un de ses symboles. Il eut pour fils tous les grands medecins de l’antiquité ; on lui donne pour filles Hygie & Iaso, ou la santé & la guérison. Ses temples étoient en plaine campagne ; il y rendoit des oracles ; ceux d’Epidaure & de Pergame eurent beaucoup de célébrité ; il opéra plusieurs guérisons miraculeuses ; sa statue étoit d’ivoire à barbe d’or. La longue peste qui désola Rome l’an 462, fit passer dans cette capitale du monde le culte du dieu d’Epidaure. Sur l’avis des prêtres & des livres sibyllins, on alla chercher Esculape dans sa patrie ; le serpent qu’on y adoroit comme tel, s’offrit de lui-même, se promena dans les rues d’Epidaure pendant trois jours, se rendit de-là sur le vaisseau des ambassadeurs romains, s’empara de la chambre principale, & se laissa transporter paisiblement jusqu’à Antium où il s’élança hors du vaisseau, alla droit au temple qu’il avoit dans cet endroit, s’entortilla à une palme, & fit douter de son retour. Cependant il rentra dans le vaisseau, & se laissa conduire à Rome, où l’on eut à peine touché un des bords du Tibre, que le dieu serpent se jetta dans le fleuve, le traversa, & entra dans l’isle, où l’on bâtit dans la suite son temple. Mais le merveilleux de l’histoire, c’est qu’à peine fut-il arrivé que la peste cessa. Cet Esculape donné par les Epidauriens aux ambassadeurs romains, n’étoit apparemment qu’un de ces serpens qu’ils élevoient & qu’ils rendoient familiers ; & la cessation de la peste à l’arrivée du serpent ne doit être regardée que comme le concours fortuit de deux évenemens. Plus il y a d’évenemens combinés, plus l’esprit du peuple se porte fortement au prodige ; il ne peut concevoir que le cas qui l’étonne, quelque compliqué qu’il soit, n’est pas moins possible qu’un autre.