L’Encyclopédie/1re édition/ESTRAPADE

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ESTRAPADE, s. f. (Art milit.) est une espece de punition militaire, dans laquelle, après avoir lié au criminel les mains derriere le dos, on l’éleve avec un cordage jusqu’au haut d’une haute piece de bois, d’où on le laisse tomber jusqu’au près de terre, de maniere qu’en tombant la pesanteur de son corps lui disloque les bras. Quelquefois il est condamné à recevoir trois estrapades, ou même davantage.

Ce mot vient, dit-on, du vieux mot estreper, qui signifie briser, arracher ; ou bien de l’italien strappata, du verbe strappare, tordre par force. Trévoux & Chambers.

L’estrapade n’est plus d’usage, au moins en France.

Estrapade, (Marine.) c’est le châtiment qu’on fait souffrir à un matelot, en le guindant à la hauteur d’une vergue, en le laissant ensuite tomber dans la mer, où l’on le plonge une ou plusieurs fois selon que le porte la sentence. C’est ce qu’on appelle autrement donner la cale. Voyez Cale.

Estrapade, (Manége.) expression ancienne, & par laquelle on entendoit un châtiment donné avec les renes du caveçon ou de la bride. Il seroit à souhaiter pour les chevaux, que l’action de chatier ainsi fût aussi inusitée que ce mot. Quelques-uns lui donnent une autre signification, ils prétendent qu’il n’a été employé & imaginé que pour définir des sortes de contre-tems communément appellés sauts de mouton. Ce qu’il y a de plus certain, c’est que s’il a exprimé quelque chose autrefois, il a tellement vieilli qu’il ne nous est, pour ainsi dire, plus connu. (e)