L’Encyclopédie/1re édition/EVANGÉLISER
EVANGÉLISER, (Jurisp.) vieux terme du palais, qui signifioit vérifier un procès ou un sac, pour s’assurer s’il étoit complet. Cette vérification s’appelloit aussi évangile. Ces expressions, tout impropres qu’elles sont, avoient été adoptées par les anciennes ordonnances : celle de Louis XII. du mois de Mars 1498, art. 99. veut que les greffiers rendent aux parties leurs sacs & productions, après avoir grossoyé la sentence ; ou s’il en est appellé, les clorre & évangéliser. On auroit dû dire les évangéliser & les clorre, parce que la vérification du sac se faisoit avant de le clorre. C’étoit afin que les parties ne pûssent rien retirer de leurs productions, ni y ajoûter ; & que le juge d’appel vît sur quelles pieces on avoit jugé en premiere instance. François I. par son ordonnance donnée à Ys-sur-Thille au mois d’Octobre 1535, ch. xviij. art. 15. réitéra la même injonction aux greffiers, de faire porter les procès dont il avoit été appellé, clos, évangélisés & scellés, le plus diligemment que faire se pourroit, par un seul messager, si faire se pouvoit. Présentement cette évangélisation ou vérification ne se fait plus ; on rend aux parties leurs productions, sans les vérifier ni les clorre. Il est vrai qu’autrefois, avant de conclure un procès en la cour, on faisoit la collation ou vérification des pieces ; mais depuis long-tems, pour plus prompte expédition, on reçoit le procès & on admet les parties à conclure, comme en procès par écrit : on ajoûte seulement à la fin de l’appointement de conclusions, ces mots, sauf à faire collation, c’est-à-dire sauf à vérifier si les productions principales sont completes. Il y a encore quelques provinces où l’on se sert de ce terme évangéliser, pour dire vérifier, rendre authentique. Par exemple, en Limosin on appelle évangéliser un testament olographe, lorsqu’il est déposé chez un notaire, & rendu solennel. Voyez ci-après Evangile & Evangéliste. (A)