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L’Encyclopédie/1re édition/FOLLICULE

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FOLLICULE, s. m. (Botan.) c’est cette enveloppe membraneuse plus ou moins forte, dans laquelle sont contenues les graines des plantes ; de-là vient que les gousses qui renferment les pepins du séné se nomment follicules de séné. Voyez Sené. (D. J.)

Follicule, (Anatomie.) membrane qui renferme une cavité d’où part un conduit excrétoire.

Plusieurs anatomistes appellent & définissent ainsi la glande la plus simple de toutes.

Boerhaave assûre que Malpighi a observé des glandes simples dans toutes les parties du corps. Ruysch soûtient le contraire ; & il nie, par exemple, & Heister après lui, qu’il y en ait jamais dans le plexus choroïde. Cependant j’y en ai observé d’aussi grosses qu’un grain de millet, qui présentoient au tact & à l’œil cette forme que les anciens regardoient comme glanduleuse, & dans laquelle Heister établit l’essence de la glande. J’ai vû un autre sujet dans lequel les glandes du plexus choroïde étoient parsemées d’hydatides qu’on en distinguoit très facilement.

Tout le monde connoît les systèmes opposés de Malpighi & de Ruysch sur la structure des glandes. Boerhaave, défenseur de Malpighi, & Ruysch, semblent avoir épuisé tout ce qu’on peut dire sur cette fameuse question. Je me bornerai à donner un extrait des lettres que ces deux savans hommes s’écrivirent sur cette matiere, après être convenus d’y ramasser toutes leurs forces pour défendre leurs opinions : ces lettres ont été publiées sous le titre d’opusculum anatomicum de fabricâ glandularum in corpore humano. Lugd. Batav. 1722.

Boerhaave rapporte d’abord que Malpighi pressant le corps des glandes simples, en vit sortir des humeurs dont l’abondance & la densité supposoient des réservoirs ; & il fait à ce sujet une longue digression sur la diverse consistance des humeurs qui lubréfient différentes parties du corps, en remarquant qu’elles sont toûjours plus épaisses que la matiere de la transpiration insensible. Ruysch répond qu’il a montré que la secrétion de cette humeur onctueuse qui adoucit le frotement des paupieres contre le globe de l’œil, se fait par les vaisseaux hygrophthalmiques de Meibomius, sans l’intervention d’aucune glande, dans le sens de Malpighi. M. Winslow a pourtant observé que les glandes ciliaires examinées au microscope paroissent comme de petites grappes de plusieurs grains qui communiquent ensemble. Voyez son traité de la tête, n. 279. Ruysch ajoûte que les humeurs sont toûjours liquides avant leur excrétion pendant la vie ; mais que la pression dans le cadavre entraîne & mêle avec ces humeurs les extrémités pulpeuses des vaisseaux qui les contiennent. Ruysch admet des follicules ; mais il ne veut pas qu’on leur donne le nom de glandes, non plus qu’aux cavités de la membrane celluleuse.

Boerhaave rassemble plusieurs observations de tumeurs enkistées formées dans la partie chevelue de la tête, aux bords des paupieres, &c. il cite des exemples d’athéromes, qu’une pression forte vuidoit par une ouverture qu’on n’avoit pas apperçûe avant cette pression. Il regarde ces tumeurs, aussi-bien que les hydatides, comme des dégénérations de glandes simples. Ruysch pense que l’état contre-nature des tumeurs renfermées dans un sac, ne prouve point l’existence antérieure des follicules. D’ailleurs il n’admet point de glandes cutanées ; il veut que les tubercules qu’on trouve dans les tégumens ne soient que des houpes nerveuses. Les stéatomes ne prouvent rien, dit-il, à-moins que l’on ne confonde les cellules adipeuses avec les glandes simples ; ce qui lui paroît absurde.

Boerhaave croit que les injections de Ruysch effacent les follicules des glandes sébacées, & leur donnent la forme d’un peloton de vaisseaux entortillés, ou d’un corpuscule sphérique & dur. Il fait dire à Malpighi que les extrémités des vaisseaux artériels s’émincissent & se réduisent comme en filets poreux, d’où transudent dans les cavités des glandes simples, des humeurs extrèmement fines. Il développe cette explication par les belles découvertes de Ruysch sur les dispositions extrèmement variées des arteres qui se portent à ces organes ; découvertes qui aident à concevoir la diversité des secrétions.

Boerhaave renvoye sur la structure des glandes conglobées, à la lettre de Malpighi à la Société royale de Londres. Ruysch a trouvé que les glandes du mésentere n’offrent que des pelotons de vaisseaux dont les replis sont admirables, auxquels adherent de petits corps pulpeux. Il donne à la fin de sa lettre une planche gravée par Wandelaar, aidé du docteur Arent Cant, qui représente une portion du mésentere préparée par Ruysch. Boerhaave qui avoit vû cette préparation, a avoüé que l’entrelacement des vaisseaux sanguins ne permettoit pas de croire qu’ils fussent places sur la même membrane.

Boerhaave passe ensuite au point principal du système de Malpighi : il prétend avec ce célebre anatomiste, que des vaisseaux capillaires artériels de chaque viscere, dans leur anastomose avec les veines, partent des tuyaux aussi artériels, mais plus déliés, qui pompent une humeur plus subtile que le sang qu’ils versent dans des follicules dont les conduits excrétoires aboutissent à d’autres vaisseaux plus considérables, & ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils se réunissent en un seul. Malpighi place par-tout des follicules entre les extrémités des vaisseaux artériels & les vaisseaux excrétoires. Ruysch n’admet que quelques-uns de ces follicules ; mais il déclare qu’il ne connoît point leur tissu intime.

Boerhaave, pour avoir un point fixe, s’attache à considérer les recherches de Malpighi sur le foie en particulier. Malpighi eut recours à l’Anatomie comparée des animaux, en commençant par les plus petits qu’il croyoit être plus imparfaits, & qu’il regardoit comme les ébauches de la nature ; il trouva dans les limaçons & dans les lésards le foie d’un volume très considérable par rapport à la grandeur de leurs corps, composé de plusieurs lobes coniques distincts, & qui communiquoient ensemble. Chaque lobe étoit un amas de petits grains, ayant chacun leur membrane propre, & réunis en forme de grappe. Dans les chenilles & les vers à soie, le foie est composé d’un grand nombre de petits sacs membraneux dans lesquels se sépare la bile, & qui aboutissent à un seul organe. On observe la distinction du foie en lobes, & celle des lobes en follicules dans plusieurs autres animaux, & même dans l’homme, à l’œil nud, ou avec le secours du microscope. Ruysch avoue qu’il avoit démontré lui-même autrefois ces petits grains qu’on voit dans le foie humain pour des glandes hépatiques : mais il dit avoir reconnu depuis que cette apparence naissoit des extrémités des vaisseaux sanguins, rapprochées sous une forme globuleuse sans aucune membrane particuliere qui les enveloppe : la preuve qu’il en donne, c’est que ces petits grains prétendus glanduleux n’arrêtent point ses injections. Il insere ici l’aveu que lui avoit fait Boerhaave de vive voix & par écrit ; aveu dont il lui avoit permis de faire usage dans sa réponse : qu’ayant examiné ces grains dans un foie préparé par Ruysch, il n’avoit pû y rien découvrir, même aidé d’excellens microscopes, qu’un nombre prodigieux de petits canaux distincts & arrangés très-régulierement, qui paroissoient former le tissu des grains. Boerhaave ne croit pas cette observation décisive, parce que l’injection comprime les cavités qu’elle ne pénetre point ; & lorsqu’elle ne peut passer par les orifices des arteres capillaires, elle force les vaisseaux séreux, & même les émissaires. D’où il résulte que la replétion des artérioles répandues sur la surface du follicule, n’en laisse point de vestige. Mais si l’injection se fait jour à-travers les orifices des arteres capillaires, on ne reconnoît la place du follicule que par une extravasation qui rend tout confus, comme il arrive dans la replétion du pannicule graisseux, des corps spongieux de la verge, &c. Ruysch soûtient qu’il rétablit les vaisseaux dans leur état naturel, en ménageant l’injection, quoiqu’il soit toûjours le maître en la forçant, de produire une inflammation artificielle.

Ruysch avoit éprouvé qu’en faisant macérer dans l’eau pendant long-tems un foie injecté, on n’en conservoit que les extrémités des arteres capillaires, qui formoient des pinceaux : mais on voit aisément que la membrane propre des follicules n’étant point garantie par la cire, avoit pû être corrompue & entraînée par cette macération. Ruysch objecte encore, que la matiere injectée dans la veine-porte pénetre sans obstacles jusqu’aux conduits biliaires, tandis qu’elle devroit être arrêtée par les follicules qu’on y suppose. Boerhaave n’élude cette difficulté, qu’en doutant du fait dont Ruysch offre de le convaincre. Ruysch a vû néanmoins dans plusieurs visceres des corpuscules ronds : mais il les regardoit comme les extrémités pulpeuses des vaisseaux capillaires, & non comme des follicules glanduleux accompagnés de leurs émissaires. Il ne reconnoissoit point ces follicules dans les vessies pleines de lymphe, ou d’une matiere épaisse, qui occupent la place du foie dans certaines maladies ; il faisoit naître ces vessies des vaisseaux obstrués auxquels un fluide condensé & retenu donne une figure sphérique ou polyèdre. Boerhaave oppose que les vésicules devroient prendre dans ce cas une forme alongée & non sphérique : il le prouve par ce qui arrive dans les embarras des canaux considérables du corps humain. Ruysch imaginoit encore que la toile celluleuse enflée par un amas de sérosités, détruisoit les cavités des petits vaisseaux, & produisoit ces hydatides qui paroissoient suspendues à des fibrilles. Boerhaave n’accorde pas que l’hydropisie ait jamais produit ces bulles sphériques dans la toile celluleuse ; puisqu’on n’en trouve point dans l’hydropisie du scrotum, mais seulement dans les ovaires & dans les autres visceres où Malpighi a vû des follicules.

Enfin Malpighi, & Harvey avant lui, ont remarqué dans la formation du poulet une parfaite ressemblance du foie avec une grappe de raisin attachée à son péduncule ; conformation semblable à celle des foies dégénérés dont nous avons parlé plus haut.

Les deux systèmes qu’on vient d’exposer partageront toûjours les savans. Ceux qui aiment une précision scrupuleuse dans les faits, adopteront l’opinion de Ruysch. Celle de Malpighi entraînera ceux qui cherchent dans un système ce haut degré de vraissemblance qui differe si peu de la vérité, & qui flate plus une imagination vive. (g)

Follicule, (Chirurg.) sac ou kyste, semblable à une membrane qui renferme la matiere des arbres irréguliers ou enkystés, tels que le stéatome, l’athérome, & le mélicéris. V. ces mots & Kyste. (D. J.)