L’Encyclopédie/1re édition/FOURMILIERE

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FOURMILIERE, (Hist. nat.) lieu où les fourmis vivent en société ; elles pratiquent de petites routes en terre, sous quelque abri : telle étoit la fourmiliere qu’a décrit Aldrovande, lib. V. de insect. p. 509. & qu’il trouva sous une poutre. Des fourmis d’une autre espece entassent différentes matieres, & forment sur la terre une éminence qui a la forme d’un cône, & dans laquelle il se trouve diverses routes & des cellules où les fourmis habitent, où elles déposent leurs œufs, leurs nymphes, & toutes les choses dont elles se nourrissent. D’autres fourmis construisent des nids sur des arbres, & les cimentent avec de la terre, pour se garantir de la pluie. Voyez ci-devant Fourmi. (I)

Fourmiliere, (Econom. rustiq.) Ces petits monceaux de terre que les fourmis forment en cône pour leur demeure & la nourriture de leurs petits, causent un grand dommage aux prairies seches des pays chauds, & non-seulement en diminuant d’autant le fourrage qui y est précieux, mais encore en altérant la seve de l’herbe, & ne laissant qu’une nourriture pernicieuse au bétail affamé.

La bonne méthode de ruiner toutes fourmilieres, consiste à les découper depuis le sommet en quatre parties, & ensuite à creuser dans chacune assez profondement pour détacher la racine de la fourmiliere : alors il faut en retourner la terre, & l’abaisser un peu plus que le niveau du reste du terrein : ce moyen rendra cette terre plus humide, & empêchera les fourmis de rebâtir leurs logemens dans la même place : la terre de la fourmiliere qu’on vient de détruire doit être jettée de toutes parts à une assez grande distance : sans quoi les fourmis ne manqueroient pas de se rassembler de nouveau, & de construire pour leurs besoins une autre habitation voisine.

Le tems propre à l’opération dont il s’agit ici, est l’hyver, parce que la gelée & les pluies de cette saison contribuent beaucoup à la destruction des fourmis : mais alors il faut avoir soin de semer au printems de la graine de sain-foin ou de luzerne sur la terre qui est nue & pelée : autrement elle produiroit infiniment moins d’herbe que les autres endroits.

Dans quelques pays, où le nombre des fourmilieres est fort nuisible, on se sert d’un instrument fait exprès pour les couper ; c’est une bêche pointue & taillée en croissant, de maniere que tout le tranchant de la bêche fait plus que les trois quarts d’un cercle : aussi coupe-t-elle de tous côtes, & par conséquent expédie très-promptement : enfin on peut employer au même usage les instrumens particuliers qui ont été imaginés pour détruire les taupinieres. (D. J.)

Fourmiliere, s. f. (Méd.) en latin formica, maladie des paupieres. C’est une petite excroissance charnue qui croit dans l’intérieur ou l’extérieur des paupieres : cette excroissance a la base large diminuant vers le haut, calleuse, quelquefois noirâtre, mais le plus souvent rougeâtre, blanchâtre, ou de la couleur de la peau, couverte de plusieurs tubercules semblables aux grains d’une mûre ; d’où vient qu’on l’appelle encore verrue mûrale. On la nomme fourmiliere, parce que par le grand froid, ou dans certains tems, elle cause des douleurs qui imitent les picotemens des fourmis. Nous parlerons de la maniere de détruire les verrues mûrales, en traitant des autres verrues qui attaquent les paupieres, dont il importe de faire un article général. Ainsi voyez Verrue des Paupieres. (D. J.)