L’Encyclopédie/1re édition/GILGUL
GILGUL, s. m. (Théologie.) mot qui se trouve souvent dans les écrits des juifs modernes, & surtout dans leurs livres allégoriques. Il signifie roulement ; mais les auteurs sont partagés sur le vrai sens qu’y donnent les rabbins. Les uns croyent que tous ceux de leur nation qui sont dispersés dans le monde, & qui meurent hors de la terre de Chanaan, ne ressusciteront au jour du jugement dernier que par le moyen de ce gilgul, c’est-à-dire, selon eux, que leurs corps rouleront par les fentes de la terre pratiquées par Dieu même, jusqu’à ce qu’ils soient arrivés en Judée, ce qui porte plusieurs d’entr’eux à se rendre avant leur mort dans le pays qu’ont habité leurs peres, pour éviter ce roulement. Les rabbins ne sont pas eux mêmes d’accord sur la maniere dont les cadavres feront ce voyage, quelques-uns les faisant ressusciter dans le lieu même où ils auront été ensevelis ; d’autres imaginant que Dieu leur creusera des cavernes & des soûterreins, qui de toutes les parties du monde aboutiront au mont des Olives. C’est ce que Buxtorf rapporte dans son dictionnaire chaldaïco-rabbinique. L’opinion de Léon de Modene est beaucoup plus vraissemblable. Il assûre qu’il y a des juifs qui, comme Pythagore, croyent la transmigration des ames d’un corps dans un autre ; que cette maniere de penser, quoiqu’elle ne soit pas universellement reçue, a parmi eux ses défenseurs & ses adversaires, & que c’est cette espece de métempsycose qu’ils nomment gilgul. Quoique les Juifs prétendent fonder ces différentes explications du gilgul sur divers passages de l’Ecriture, on doit regarder leurs idées à cet égard comme tant d’autres visions extravagantes dont leurs livres sont remplis. Léon de Modene, cérémonies des Juifs, part. V. chap. x. (G)