L’Encyclopédie/1re édition/HÉPTACORDE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 138).

HÉPTACORDE, s. m. (Musique anc.) lyre ou cythare à sept cordes. Ce fut long-tems la plus en usage & la plus célebre de toutes : néanmoins quoiqu’on y trouvât les sept voix de la Musique, l’octave y manquoit encore : Simonide l’y mit, selon Pline, en y ajoûtant une huitieme corde, c’est-à-dire en laissant un ton entier d’intervalle entre les deux tétracordes. Ainsi, dans le système de l’octacorde ou de l’octave chez les anciens, les sons se trouverent dans la situation la plus favorable à une harmonie mâle, pleine de noblesse & de dignité, étant également éloignés du trop grave qui les rend sourds, & du trop aigu qui les rend glapissans, plus foibles & moins perceptibles à l’oreille. Cependant cette noble musique n’eut pas les bonheur de se soûtenir, on vint à multiplier les sons à l’aigu ; car dans l’hendécacorde ou la onzieme, & dans le dodécacorde ou la douzieme, on rendit le système harmonique plus mou, plus efféminé, plus allongé ; & c’est Mélanippide que Plutarque accuse d’avoir énervé la Musique par son invention des douze cordes. Mais le caractere de la poésie dithyrambique chanté sur les sons & les modes les plus aigus, s’accordant merveilleusement avec cette nouvelle musique, concourut avec elle à décréditer & à faire mépriser l’ancienne. (D. J.)