L’Encyclopédie/1re édition/HÉROISME

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 181).
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HÉROISME, s. m. (Morale.) la grandeur d’ame est comprise dans l’héroïsme ; on n’est point un héros avec un cœur bas & rampant : mais l’héroïsme differe de la simple grandeur d’ame, en ce qu’il suppose des vertus d’éclat, qui excitent l’étonnement & l’admiration. Quoique pour vaincre ses penchans vicieux, il faille faire de généreux efforts, qui coûtent à la nature ; les faire avec succès est, si l’on veut, grandeur d’ame, mais ce n’est pas toûjours ce qu’on appelle héroïsme. Le héros, dans le sens auquel ce terme est déterminé par l’usage, est un homme ferme contre les difficultés, intrépide dans les périls, & vaillant dans les combats.

Jamais la Grece ne compta tant de héros, que dans le tems de son enfance, où elle n’étoit encore peuplée que de brigands & d’assassins. Dans un siecle plus éclairé, ils ne sont pas en si grand nombre ; les connoisseurs y regardent à deux fois avant que d’accorder ce titre ; on en dépouille Alexandre ; on le refuse au conquérant du nord, & nul prince n’y peut prétendre, s’il n’offre pour l’obtenir que des victoires & des trophées. Henri le grand en eût été lui-même indigne, si content d’avoir conquis ses états, il n’en eût pas été le défenseur & le pere.

La plûpart des héros, dit la Rochefoucaut, sont comme de certains tableaux ; pour les estimer il ne faut pas les regarder de trop près.

Mais le peuple est toûjours peuple ; & comme il n’a point d’idée de la véritable grandeur, souvent tel lui paroît un héros, qui réduit à sa juste valeur, est la honte & le fleau du genre humain.