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L’Encyclopédie/1re édition/HACHER

La bibliothèque libre.
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 19-20).
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* HACHER, v. act. (Gramm.) couper en morceaux ; ce mot vient de l’instrument tranchant hache ; il se prend au simple & au figuré : on dit de la viande hachée, & un style haché. Il a plusieurs acceptions dans les Arts. Voyez les articles suivans.

Hacher, en Grav. & en Dess. est l’art de disposer des lignes à l’aide du burin ou du crayon, pour donner l’effet aux différens objets que l’on veut ombrer, soit en Gravure, soit en Dessein. Pour hacher, on se sert de lignes droites, courbes, ou ondées ; quelquefois on les employe seules, quelquefois aussi on les employe ensemble en les croisant en forme de losange, plus ou moins obliquement. Le sens dans lequel il convient de disposer ces lignes ou traits pour former les ombres, n’est pas tout-à-fait arbitraire, comme bien des graveurs & dessinateurs le pensent ; il faut que leur direction participe de la nature ou de la perspective de l’objet que l’on veut ombrer. Si l’objet est rond, le sens des hachures doit être circulaire ; s’il est uni, les hachures doivent être unies ; s’il est inégal, les hachures doivent participer de ces inégalités. Enfin pour parvenir à donner l’effet convenable, soit à une gravure, soit à un dessein, le grand art est de les varier, de maniere cependant qu’elles indiquent toûjours l’inflexion ou la forme générale des différens objets qu’elles couvrent. S’il y a plusieurs hachures les unes sur les autres, ainsi qu’il arrive le plus souvent, qui se croisent en maniere de losange ; il faut toûjours affecter que celle qui peut exprimer la forme générale ou particuliere de différens objets ombrés, soit la dominante ; ensorte que toutes les autres lignes ne servent que pour la glacer, l’unir, & en augmenter l’effet.

* Hacher, (Jouaillier, Bijoutier, Fourbisseur, Argenteur, Damasquineur, Emailleur.) c’est taillader une piece pour donner sur elle plus de prise à la matiere qu’on y veut attacher, soit émail, soit or, soit argent. Pour cet effet, on se sert d’un instrument appellé couteau à hacher.

* Hacher, (Lapidaire.) c’est la manœuvre par laquelle ces ouvriers pratiquent des traits à leur roue, soit avec la lame d’un couteau, soit à la lime, soit autrement. La poudre du diamant s’engage dans ces traits, & forme une espece de lime qui prend dans le mouvement rapide de la roue, sur la pierre qu’on y applique, chargée d’un poids, l’use & lui donne du poli ; sur-tout lorsqu’en appuyant la main sur la tenaille qui tient la pierre appliquée, on la presse contre la roue, en la faisant vaciller en sens contraires à celui de la roue : il arrive par ce vacillement leger, que les traits de la roue coupent les premiers traits qu’elle a faits sur la pierre, & les empêche de paroître. Sans ce petit tour de main, vous userez, mais vous ne polirez pas.

Hacher, en Mâçonnerie, ou dans la Coupe des Pierres ; c’est avec la hache du marteau à deux têtes, unir le parement d’une pierre pour la rustiquer & la layer ensuite.

Lorsqu’une pierre ou un moilon a été haché, on peut le couvrir de plâtre ; & ce recouvrement s’appelle enduit ou crépi. Voy. Hachette, Crépi, & Enduit.

Hacher, (Tapissier, & autre Manufacturier en laine.) c’est réduire en poudre la tonture des draps ou des autres étoffes en laine ; ou même pratiquer la même chose sur de la laine neuve.