L’Encyclopédie/1re édition/HANNETON

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 37-38).
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HANNETON, s. m. (Hist. nat. Insectol.) insecte de la classe des scarabés, scarabeus arboreus vulgaris, Mouff. Rai. C’est un des grands scarabés ; il a la tête, la poitrine & les enveloppes des aîles de couleur brune roussâtre ; la poitrine est velue ; chacune des enveloppes des aîles a quatre stries ; l’anus est pointu & recourbé en bas ; le ventre a une couleur brune avec des taches blanches sur les côtés ; la levre supérieure est obtuse. Linæi fauna suœtica.

M. Ræsel, dans son Amusement physique sur les insectes, distingue deux sortes de hannetons par la couleur d’une plaque qu’ils ont sur le cou, & qui est rouge sur les unes & noire sur les autres, & par la pointe de la partie posterieure de leur corps, qui est mince & courte dans les hannetons à plaque rouge, & plus longue & plus grosse dans les autres. On reconnoît aisément le sexe de ces insectes ; ils ont une poupe feuilletée à l’extrémité des antennes, qui est plus longue dans les mâles que dans les femelles, ils déplient tous cette houpe, lorsqu’ils prennent leur essor. Les antennes sont repliées sur les yeux qui sont noirs. Il y a au bas de la bouche deux autres antennes petites & pointues ; ils ont sur les côtés du ventre des taches blanches triangulaires, qui les distinguent des autres especes de hannetons. Les deux jambes de devant sont les plus courtes ; la partie moyenne est large, forte, tranchante, & garnie de deux ou trois pointes : cette partie leur sert à creuser dans la terre, quelque dure qu’elle puisse être. Les six jambes sont terminées par deux crochets qui soûtiennent cet insecte contre les surfaces verticales.

L’accouplement des hannetons dure long-tems ; dès que la femelle est fécondée, elle creuse un trou en terre, & s’y enfonce à la profondeur d’un demi-pié ; elle y dépose des œufs oblongs, de couleur jaune claire, qui sont placés les uns à côté des autres : après la ponte, la femelle sort de son trou & se nourrit pendant quelque tems de feuilles d’arbres. M. Ræsel présume qu’il n’y a qu’une ponte ; il enferma dans de grands vases couverts de crepe & à moitié remplis de gason, un grand nombre de hannetons qui venoient de s’accoupler ; après quinze jours il trouva plusieurs centaines d’œufs dans quelques-uns des vases ; il mit les autres dans une cave sans les ouvrir.

A la fin de l’été l’un des vases fut ouvert, & il s’y trouva de petits vers au lieu d’œufs ; on mit du gason frais dans le vase, & on le tint exposé à l’air. Ces vers prirent beaucoup d’accroissement pendant l’automne ; au commencement de l’hiver on les remit à la cave, on les en retira au mois de Mai : ils étoient alors si forts, qu’il falloit leur donner souvent du gason frais, & bien-tôt on fut obligé de les mettre sur des pots où on avoit fait lever des pois, des lentilles, & de la laitue, pour ne les pas laisser manquer de nourriture : malgré toutes ces précautions, il en périt beaucoup pendant la seconde & la 3e année.

A trois ans, ces vers ont au moins un pouce & demi de longueur, lorsqu’ils s’étendent ; ordinairement ils sont un peu recoquillés : ils ont une couleur blanche jaunâtre ; le dessous du corps est uni, & le dessus est rond & voûté. Chacun de ces vers a douze segmens, sans compter la tête ; le dernier, qui est le plus grand, a une couleur grise violette, qui vient de celle des excrémens qu’il renferme, & que l’on voit à-travers de chaque côté du corps. Par-dessus tous les segmens s’étend une espece de languette ou de bourrelet, dans lequel on apperçoit neuf pointes à miroir, qui sont autant de trous par lesquels le ver respire ; il a six jambes d’une couleur rougeâtre, trois de chaque côté, sous les trois premiers segmens. La tête est grande, applatie, arrondie, & d’une couleur brune jaunâtre & luisante ; elle a en-devant une pince brune, obtuse & dentelée à ses extrémités, & une levre entre les deux pieces de la pince ; il n’arrive guere que ce ver sorte de la terre, lorsqu’on l’en tire en la fouillant ; il y rentre aussi-tôt, soit pour fuir les oiseaux dont il deviendroit la proie, soit pour éviter les rayons du soleil.

Ce ver change de peau au-moins une fois l’an ; lorsqu’elle devient trop étroite, il fait une petite loge de terre dans laquelle il se dépouille ; on a donné à cette loge le nom de pillule, parce qu’elle est ronde & dure, & on a appellé scarabés pillulaires plusieurs especes de scarabés dont les vers forment de pareilles loges ; celui-ci, après avoir quitté sa peau, sort de sa loge pour chercher sa nourriture près de la surface de la terre ; mais dès qu’il gele, il descend plus bas pour se mettre à l’abri du froid.

Ce n’est qu’à la fin de la quatrieme année que ce ver se métamorphose ; dans l’automne il s’enfonce en terre quelquefois à plus d’une brasse de profondeur, & il se fait une loge qu’il rend lisse & unie ; ensuite il se raccourcit & se gonfle : avant la fin de l’automne, il quitte sa derniere peau de ver, pour prendre la forme de chrysalide ; elle commence par être de couleur jaunâtre, ensuite elle est jaune & devient rouge : on y reconnoît le hanneton qui en doit sortir.

A la fin de Janvier ou au commencement de Février, cette chrysalide devient un hanneton qui est d’abord de couleur blanche ou jaunâtre ; il ne prend toute sa consistence & sa vraie couleur qu’au bout de dix ou douze jours : mais il reste encore en terre pendant deux ou trois mois. Il ne la quitte que dans le mois de Mai, plûtôt ou plûtard, selon la température de l’air ; alors on voit les hannetons sortir de terre, principalement les soirs, ou au-moins on apperçoit leurs trous dans les sentiers qui sont durcis par la sécheresse.

Le froid fait mourir en terre les jeunes hannetons ; ainsi lorsque le mois de Mai ne leur est pas favorable, le plus grand nombre périt, & il n’en reste que peu ; ils ne mettent en terre qu’un petit nombre d’œufs ; & par conséquent il n’y a rien encore qu’un petit nombre de hannetons quatre ans après, lorsque le produit de ces œufs sort de terre. Au contraire, le mois de Mai étant chaud, les hannetons sont en grand nombre, & concourent tous à la production d’une nombreuse postérité, qui paroît au bout de quatre ans. M. Ræsel assûre que les deux sortes de hannetons dont il a fait mention dominent successivement l’une sur l’autre pour le nombre d’une année à l’autre, & que les observations dont nous venons de donner le précis, l’ont mis en état de prédire quelle sorte de hanneton dominera, & si ces insectes seront en grand ou en petit nombre. Extrait de l’amusement physique sur les insectes, par Auguste Jean Ræsel, peintre en miniature, in-4°. à Nuremberg. (I)

HANNETON, subst. f. (Boutonniers-Frangiers.) soucis d’hanneton, espece de frange à houpette, qui imite les cornes houppées de l’insecte de ce nom. Ce sont les frangiers qui fabriquent les soucis d’hanneton.