L’Encyclopédie/1re édition/HELENIUM

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 99).
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HELENIUM, s. m. (Hist. anc. Botan.) chez les botanistes modernes, la plante qu’ils appellent en Latin helenium ou enula campana, est notre aunée en François. Voyez Aunée.

Mais il est bien étrange que Théophraste & Dioscoride, tous deux Grecs, ayent nommé helenium des plantes entiérement différentes. Théophraste met son helenium au rang des herbes dont on faisoit des couronnes ou des bouquets, & cet auteur remarque qu’elle approchoit du serpolet. Dioscoride, au contraire, donne à son helenium une racine d’odeur aromatique, & des feuilles semblables à celles de notre bouillon-blanc ; de sorte que par-là sa description convient du moins à notre aunée pour la racine, & pour les feuilles, qui sont molles, velues en dessous, larges dans le milieu, & pointues à l’extrémité. Je crois volontiers que l’inula d’Horace peut être l’aunée des modernes ; mais, dira-t-on, la racine de l’aunée des modernes est amere, & Horace appelle la sienne aigre : il dit,

. . . . . . Quum crapulâ plenus
Atque acidas mavult inulas.


La raison de cette différence viendroit de ce que ce poëte parle de l’aunée préparée, ou confite avec du vinaigre & d’autres ingrédiens, de la maniere apparemment que Columelle l’enseigne, lib. XII. cap. xlvj. Il faudroit donc alors traduire le passage d’Horace : « Puni de sa gloutonnerie par le mal qu’elle lui cause, il cherche à se ragouter par de l’aunée préparée ».

Pour ce qui regarde Pline, il a rejetté dans sa description de l’helenium celle de Discoride, a emprunté la sienne de Théophraste, & autres auteurs grecs, & en même tems il a adopté les vertus & les qualités que Dioscoride donne à la plante qu’il décrit sous le nom d’helenium ; ainsi faisant erreurs sur erreurs, il a encore donné lieu à plusieurs autres de les renouveller d’après lui. Il importe de se ressouvenir dans l’occasion de cette remarque critique, car elle peut être utile plus d’une fois. (D. J.)