L’Encyclopédie/1re édition/HEMATITE, ou HAEMATITE, ou SANGUINE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 110).

HEMATITE, ou HÆMATITE, ou SANGUINE, (Hist. nat. Litholog.) c’est une pierre, ou plûtôt une vraie mine de fer dont la figure varie ; son tissu est tantôt strié ou par aiguilles, comme l’antimoine ; tantôt il est composé de filamens ou de fibres, qui, à la couleur près, la font ressembler à du bois ; tantôt elle est sphérique ou hémi-sphérique ; tantôt elle est en mamelons, & formée par un assemblage de globules qui la font ressembler à une grappe de raisin ; tantôt elle est garnie de pyramides & de pointes ; tantôt enfin elle paroît composée de lames ou de feuillets, qui laissent quelquefois des intervalles vuides entre eux, & la font ressembler à un rayon de miel. L’hématite varie aussi pour la couleur ; il y en a de rouge, de pourpre, de jaune, & de noirâtre ou couleur de fer : mais lorsqu’on l’écrase, elle est toûjours d’un rouge ou d’un jaune plus ou moins vif. L’hématite, quoique fort chargée de fer, n’est point attirable par l’aimant : le fer qu’elle donne est aigre, & il est difficile de lui procurer la ductilité convenable ; il y en a dont le quintal contient jusqu’à quatre-vingt livres de ce métal. V. Fer. Voilà pourquoi quelques gens l’appellent ferret. (—)

Hematite, ou Sanguine, (Pierre), Mat. médic. on l’employe comme styptique dans les hémorrhagies. Juncker desapprouve son usage intérieur, comme peu éprouvé & souvent nuisible. Les fleurs de pierre hématite préparées par la sublimation avec le sel ammoniac, ne paroissent pas assez merveilleuses au même auteur, pour qu’on puisse le faire passer pour l’azoph de Paracelse, c’est-à-dire pour un remede singulier contre la cachexie, la passion hypocondriaque, la phthisie, la fievre tierce, la dyssenterie, &c. Ses fleurs sont styptiques à petite dose, & nuisent souvent par cette qualité. La teinture qu’on en retire n’est pas exempte du même reproche ; elle est styptique & nauséeuse, selon l’observation de Langius : c’est toûjours Juncker qui parle.

Il est moins dangereux, tutiùs, dit encore cet auteur, de tenir une pierre hématite dans sa main, pour arrêter l’hémorrhagie du nez : mais cet effet attribué si éminemment à la pierre hématite, qu’elle en a tiré son nom dans toutes les langues, ne s’observe que très-rarement ; & encore faut-il qu’on ait tenté ce secours sur des sujets délicats & crédules. On garde dans les boutiques la pierre hématite porphyrisée. Les fleurs de pierre hématite ont une odeur de safran ; elles se préparent comme les fleurs martiales. Voyez Fer.

La pierre hématite entre dans les pilules astringentes, & l’emplâtre styptique. (b)

* Hématites, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques dont S. Clément d’Alexandrie a parlé dans son liv. VII. des Stromotes : leur nom vient de αἷμα, sang. Peut-être étoit-ce une branche des Cataphryges, qui, selon Phylatrius, à la fête de pâques employoient le sang d’un enfant dans leurs sacrifices. Voyez Cataphryges. S. Clément d’Alexandrie se contente de dire qu’ils avoient des dogmes qui leur étoient propres, & dont ils avoient été appellés Hématites. Il seroit à souhaiter que quelqu’un nous donnât une histoire des hérésies ; elle supposeroit des connoissances très-étendues, expliqueroit beaucoup de faits obscurs, & formeroit le tableau le plus humiliant, mais le plus capable d’inspirer aux hommes l’esprit de la paix.