L’Encyclopédie/1re édition/HENDÉCASYLLABE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 130).

HENDÉCASYLLABE, s. m. (Littérature.) terme de Poésie greque & latine, vers de onze syllabes. Voyez Vers.

Ce mot est grec & composé d’ἕνδεκα, onze, & de συλλάμϐανω, je comprens. Les vers saphiques & les vers phaleuques sont hendécasyllabes.

Saph. Jam satis terris nivis atque diræ.
Phal. Passer mortuus est meæ puellæ.

On donne plus communément le nom d’hendécasyllabe à cette derniere espece, la premiere étant plus particulierement affectée à l’ode & au genre lyrique. Ces hendécasyllabes sont les plus doux des vers latins. Le lecteur en jugera par ceux de Catulle sur la mort d’un moineau

Lugete ô Veneres, cupidinesque,
Et quantum est hominum venustiorum ;

Passer mortuus est meæ puellæ,
Passer deliciæ meæ puellæ,
Quem plus illa oculis suis amabat ;
Nam mellitus erat, suamque norat
Ipsam tam benè quàm puella, matrem ;
Nec sese à gremio illius movebat :
Sed circumsiliens modò huc, modò illuc,
Ad totam dominam usque pipilabat.
Qui nunc it per iter tenebricosum,
Illuc unde negant redire quemquam.

At vobis malè sit malæ tenebræ
Orci, quæ omnia bella devoratis ;
Tam bellum mihi passerem abstulistis.

O factum male ! O miselle passer !
Tuâ nunc operâ meæ puellæ
Flendo turgiduli rubent ocelli
.

Il est vraissemblable que Catulle auroit perdu beaucoup, s’il eût pris l’hexametre ou le pentametre, ou l’iambe, au lieu de l’hendécasyllabe, qui a seul cette simplicité prosaïque, qui va si bien avec le sentiment. (D. J.)