L’Encyclopédie/1re édition/HOSPITALIER

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 314).
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HOSPITALIER, s. m. (Myth.) surnom que les anciens Romains donnoient à Jupiter, le nommant Jupiter hospes, parce qu’ils le regardoient comme le dieu protecteur de l’hospitalité. Les Grecs l’appelloient par la même raison ξένιος, vengeur des injures faites à des hôtes ; Jupiter hospitibus nam te dare jura fatentur ; mais Jupiter n’étoit pas le seul des dieux qui eût le titre de protecteur de l’hospitalité. Voyez ce mot où on le prouve.

Ce n’étoit pas non plus, pour le dire en passant, à Jupiter hospitalier, que les Samaritains consacrerent leur temple de Garizim, comme le prétend M. Bossuet, mais c’étoit à Jupiter Olympien, sous l’invocation duquel il ne subsista pas même long-tems, si l’on adopte pour vrai, le récit que fait Josephe, Antiq. liv. XIII. ch. vj. de la dispute qui s’éleva en Egypte sous Ptolomée Philométor entre les Juifs & les Samaritains, au sujet de leur temple ; les Samaritains soutenant que le temple de Garizim étoit le seul vrai temple du Seigneur, & les Juifs prétendant au contraire, que c’étoit celui de Jérusalem. (D. J.)

Hospitaliers, s. m. plur. (Hist. ecclésiast.) religieux que le pape Innocent III. a établis pour retirer les pauvres pélerins, les voyageurs & les enfans trouvés ; ils sont habillés de noir comme les prêtres, & ont une croix blanche sur leur robe & sur leur manteau. Il y a à Paris des religieuses de l’ordre de S. Augustin, que l’on appelle hospitalieres de la charité de Notre-Dame ; elles portent l’habit de S. François, avec le scapulaire blanc à l’honneur de la Vierge, & le voile noir. Ces religieuses font vœu d’hospitalité, outre les trois vœux ordinaires, & ont, lorsqu’elles vont au chœur, un manteau gris-brun, semblable à leur habit. Il y en a d’autres qui sont aussi de l’ordre de S. Augustin, & qui font les mêmes vœux, on les appelle hospitalieres de la misericorde de Jesus. Pendant l’été, elles n’ont qu’une robe blanche, avec une guimpe & un rochet de fine toile de lin : l’hiver, lorsqu’elles sont au chœur, ou qu’on porte l’extrême-onction à quelque pauvre malade de l’hôpital, elles mettent un grand manteau noir par-dessus leur rochet. C’est l’archevêque de Paris qui est leur supérieur. Diction. de Moreri.

Hospitalieres sœurs, s. f. pl. (Hist. de Malthe.) c’est le nom primitif des religieuses de l’ordre de Malthe ; elles furent établies à Jérusalem au milieu de l’onzieme siecle par les mêmes marchands d’Amalphie, qui établirent les freres hospitaliers de S. Jean de Jérusalem, pour avoir soin des chrétiens d’Europe qui alloient visiter les saints lieux. Elles renoncerent au siecle quelque tems après comme les freres hospitaliers, & se consacrerent au service des pauvres & des pélerines. Elles prirent l’habit régulier qui consistoit dans une simple robe noire, sur laquelle étoit attachée du côté du cœur une croix de toile blanche à huit pointes ; elles firent aussi les trois vœux solemnels de religion qu’elles prononcerent au pié du saint sépulchre, & que le patriarche de Jerusalem reçut. Après la prise de cette ville par Saladin, les sœurs hospitalieres se retirerent en Europe, & y formerent depuis des établissemens considérables. Leur naissance devoit être noble, & l’on exigeoit à leur égard les mêmes preuves que pour les chevaliers. Leur habillement consistoit dans une robe de drap rouge, avec un manteau de drap noir, sur lequel on attachoit une croix de toile blanche à huit pointes : usage qui a varié en différentes provinces & en différens siecles. Vertot. (D. J.)