L’Encyclopédie/1re édition/HOSTILITÉ

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 318-319).
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* HOSTILITÉ, s. f. (Art. milit. & politiq.) ce mot vient du latin, hostis, ennemi. Une hostilité est une action d’ennemi.

Les hostilités ont un tems pour commencer & pour finir, & l’humanité n’en permet pas de toutes les especes. Il y a des actions qu’aucun motif ne peut excuser.

Les hostilités commencent légitimement lorsqu’un peuple manifeste des desseins violens, ou lorsqu’il refuse les réparations qu’on a le droit d’en exiger.

Il est prudent de prévenir son ennemi ; & il y auroit bien de la maladresse à l’attendre sur son pays, quand on peut se porter dans le sien.

Les hostilités peuvent durer sans injustice autant que le danger. Il ne suffit pas d’avoir obtenu la satisfaction qu’on demandoit. Il est encore permis de se précautionner contre des injures nouvelles.

Toute guerre a son but, & toutes les hostilités qui ne tendent point à ce but sont illicites. Empoisonner les eaux ou les armes, brûler sans nécessité, tuer celui qui est desarmé ou qui peut l’être, dévaster les campagnes, massacrer de sang froid les ôtages ou les prisonniers, passer au fil de l’épée des femmes & des enfans, ce sont des actions atroces qui deshonorent toujours un vainqueur. Il ne faudroit pas même se porter à ces excès, lorsqu’ils seroient devenus les seuls moyens de réduire son ennemi. Qu’a de commun l’innocent qui bégaye, avec la cause de vos haines ?

Parmi les hostilités il y en a que les nations policées se sont interdites d’un consentement général ; mais les loix de la guerre sont un mélange si bizarre de barbarie & d’humanité, que le soldat qui pille, brûle, viole, n’est puni ni par les siens, ni par l’ennemi. Cependant il n’en est pas de ces énormités, comme des actions auxquelles on est emporté dans la chaleur du combat.

On demande s’il est permis de tuer un général ennemi. C’est une action que les anciens se sont permise, & que l’Histoire n’a jamais blâmée ; & de nos jours, le seul point qui soit généralement décidé, c’est que l’exécration seroit la juste récompense de la mort d’un général ennemi, si elle étoit la suite de la corruption d’un de ses soldats.

On a proscrit toutes les hostilités qui avoient quelqu’apparence d’atrocité, & qui pouvoient être réciproques.