L’Encyclopédie/1re édition/HOTTENTOTS les

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 320-321).
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HOTTENTOTS les, (Géog.) peuple d’Afrique dans la Caffrerie, près du cap de Bonne-Espérance ; ils sont fort connus parce qu’ils touchent l’habitation des Hollandois, & parce que tous les voyageurs en ont parlé, Junigo de Bervillas, Courlai, Dampier, Robert Lade, François Légat, La Loubere, Jean Owington, Spilberg, le P. Tachard, Tavernier, & finalement M. Kolbe dans sa description du cap.

Les Hottentots ne sont pas des Négres, dit avec raison l’auteur de l’Histoire naturelle de l’homme ; ce sont des Caffres, qui ne seroient que basanés, s’ils ne se noircissoient pas la peau avec de la graisse & du suif, qu’ils mêlent pour se barbouiller. Ils sont couleur d’olive & jamais noirs, quelque peine qu’ils se donnent pour le devenir ; leurs cheveux collés ensemble par leur affreuse malpropreté, ressemblent à la toison d’un mouton noir remplie de crotte. Ces peuples sont errans, indépendans, & jaloux de leur liberté ; ils sont d’une taille médiocre & fort légers à la course ; leur langage est étrange, ils gloussent comme des coqs d’Inde ; les femmes sont beaucoup plus petites que les hommes, & ont la plûpart une espece d’excroissance, ou de peau dure & sarge qui leur croît au-dessus de l’os pubis, & qui descend jusqu’au milieu des cuisses en forme de tablier. Tachard & Kolbe disent que les femmes naturelles du Cap sont sujettes à cette monstrueuse difformité, qu’elles découvrent à ceux qui ont assez de curiosité, ou d’intrépidité pour demander à la voir ou à la toucher. Les hommes de leur côté, sont tous, à ce qu’assurent les mêmes voyageurs, à demi-eunuques, non qu’ils naissent tels, mais parce qu’on leur ôte un testicule ordinairement à l’âge de huit ans, & quelquefois plus tard.

Les Hottentots ont le nez fort plat & fort large ; ils ne l’auroient cependant pas tel, si les meres ne se faisoient un devoir de le leur applatir peu de tems après leur naissance, parce qu’elles regardent un nez proéminent comme une difformité. Ils ont une levre fort grosse, sur-tout la supérieure, les dents très-blanches, les sourcils épais, la tête grosse, le corps maigre, les membres menus ; ils ne vivent guéres passé quarante ans ; la saleté dans laquelle ils se plaisent, & les viandes infectées dont ils font leur principale nourriture, sont au nombre des causes qui contribuent le plus au peu de durée de leur vie. Tous les particuliers du bourg du Cap ont de ces sauvages qui s’emploient volontiers au service le plus bas & le plus sale de la maison.

Ils vont presque nuds, la tête toujours découverte, & les cheveux ornés de coquilles ; leurs cabanes portent neuf à dix piés de hauteur, sur dix à douze de largeur ; ce sont des pieux fichés qui se rejoignent par le haut ; les côtés & le faîte sont des branches grossierement entrelacées avec les pieux ; le bout est couvert de jonc ou de peaux. A un des coins de la cabane, est une ouverture de la hauteur de quatre piés pour entrer & sortir ; ils font le feu au milieu, & couchent à terre.

Ils n’ont ni temple, ni idoles, ni culte, si ce n’est qu’on veuille caractériser ainsi leurs danses nocturnes, à la nouvelle & à la pleine lune. Le nom de Hottentot a été donné par les Européens à ces peuples sauvages, parce que c’est un mot qu’ils se répetent sans cesse les uns aux autres lorsqu’ils dansent. (D. J.)