L’Encyclopédie/1re édition/HYPETHRE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 407).
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HYPETHRE, s. m. (Archit. antiq.) en grec ὕπαιθρον, en latin hypethron, espece de temple des anciens, découvert & exposé à l’air ; ce mot dérive de υπο, sous ; & αἰθρία, air ; c’est, selon Vitruve, tout édifice ou portique à découvert ; mais l’on appelloit ainsi spécialement les temples des anciens, qui avoient en-dehors deux rangs de colonnes tout-autour, & autant en dedans, tandis que le milieu étoit découvert comme nos cloîtres. Il y avoit des hypethres décastiles ; il y en avoit de pignostiles, & tous avoient intérieurement des colonnes qui formoient un péristile, ce qui étoit une chose essentielle à ces sortes de temples.

Le temple de Jupiter olympien, que Cossutius, architecte de Rome, bâtit à Athènes, étoit dans ce goût-là. Pausanias parle aussi d’un temple de Junon sur le chemin de Phalere, semblable à celui de Jupiter, sans toît, ni portes : il ne faut pas s’en étonner ; comme Jupiter & Junon sont pris souvent pour l’air ou le ciel, l’on pensa qu’il convenoit que leurs temples élevés à découvert, ne fussent point renfermés dans l’étroite étendue des murailles, puisque leur puissance embrassoit l’univers, & s’étendoit depuis les cieux jusqu’à la terre.

Strabon nous apprend que ces sortes de temples étoient remplis de statues de divinités de la main des plus excellens artistes. L’hypethre de Samos avoit entr’autres trois statues colossales du ciseau de Myron ; Marc-Antoine les enleva toutes trois ; mais Auguste en restitua deux, celle de Minerve & celle d’Hercule ; il ne garda que celle de Jupiter, dont il embellit un temple qu’il fit bâtir au capitole. (D. J.)