L’Encyclopédie/1re édition/ILLINOIS

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 556).
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ILLINOIS, s. m. pl. (Géog.) peuples sauvages de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, le long d’une grande riviere du même nom. Cette riviere des Illinois, qui vient du nord-est, ou est-nord-est, n’est navigable qu’au printems ; elle a plus de cent lieues de cours, qui va au sud-quart-sud-est, & se décharge dans le Missipipi, vers le 39 deg. de latitude.

Le pays des Illinois est encore arrosé par d’autres grandes rivieres ; on lui donne cent lieues de largeur, & beaucoup plus de longueur, car on l’étend bien loin le long du Missipipi. Il est par-tout couvert de vastes forêts, de prairies & de collines. La campagne & les prairies abondent en bysons, vaches, cerfs, & autres bêtes fauves, de même qu’en toute sorte de gibier, particulierement en cygnes, grues, outardes & canards.

Les arbres fruitiers peu nombreux, consistent principalement en des especes de néfliers, des pommiers, & des pruniers sauvages, qu’on pourroit bonnifier en les greffant ; mais les Illinois ignorent cet art, ils ne se donnent pas même la peine de cueillir le fruit aux arbres, ils abattent les arbres pour en prendre le fruit.

Dans un si grand pays, on ne connoît que trois villages, dont l’un peuplé de huit ou neuf cent Illinois, est à plus de 50 lieues du second.

Les Illinois vont tout nuds depuis la ceinture ; toute sorte de figures bisarres, qu’ils se gravent sur le corps, leur tiennent lieu de vêtement. Ils ornent leur tête de plumes d’oiseaux, se barbouillent le visage de rouge, & portent des colliers de petites pierres du pays de diverses couleurs. Ils ont des tems de festins & de danses, les unes en signe de réjouissance, les autres de deüil ; ils n’enterrent point leurs morts, ils les couvrent de peaux, & les attachent à des branches d’arbres.

Les hommes sont communément grands, & tous très-lestes à la course. La chasse fait leur occupation, pour pourvoir à leur nourriture, à laquelle ils joignent le blé d’inde ; & quand ils en ont fait la récolte, ils l’enferment dans des creux sous terre, pour le conserver pendant l’été. Le reste du travail regarde les femmes & les filles ; ce sont elles qui pilent le blé, qui préparent les viandes boucannées, qui construisent les cabanes, & qui, dans les courses nécessaires, les portent sur leurs épaules.

Elles fabriquent ces cabanes en forme de longs berceaux, & les couvrent avec des nattes de jonc plat, qu’elles ont l’adresse de coudre ensemble très-artistement, & à l’épreuve de la pluie. Elles s’occupent encore à mettre en œuvre le poil des bysons ou bœufs sauvages, à en faire des sacs & des ceintures. Ces bœufs sont bien différens de ceux d’Europe ; outre qu’ils ont une grosse bosse sur le dos vers les épaules, ils sont encore tout couverts d’une laine fine, qui tient lieu aux Illinois de celle qu’ils tireroient des moutons, s’ils en avoient dans leur pays.

Leur religion consiste à honorer une espece de génie qu’ils nomment Manitou, & qui, selon eux, est maître de la vie & de la mort. Voyez Manitou.

Je ne conseille pas au lecteur qui sera curieux d’autres détails, de les prendre dans le P. Hennepin, ni dans la relation de l’Amérique du chevalier Tonti, ouvrage supposé ; mais il y a quelque chose de mieux sur les Illinois ; c’est une lettre du P. Gabriel Marest, Jésuite missionnaire, qui est insérée dans le Recueil des lettres édifiantes, tom. XI. (D. J.)