L’Encyclopédie/1re édition/IMMOLATION, IMMOLER

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 576).
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IMMOLATION, IMMOLER, (Littérat.) ces termes ne désignoient point chez les Latins le sacrifice sanglant, mais la consécration faite aux dieux d’une victime, en mettant sur sa tête une espece de pâte salée. Immolare, n’étoit autre chose que molâ, ou farre molito & sale hostiam perpessam diis sacrare, comme Festus nous l’apprend. Mola signifie une espece de gâteau d’orge, que l’on assaisonnoit de sel ; on l’émioit sur le front de la victime, & c’étoit la marque de sa consécration, ou de son dévouement aux autels : voilà la cérémonie qui s’appelloit proprement immolation ; d’où l’on a fait le verbe immoler. Les mots immoler, immolation ont changé d’acception, & ils désignent le sacrifice sanglant d’une victime.

On appelloit autrefois immolation, la partie de la messe que nous appellons la préface.

Immoler se prend aussi au figuré. La pratique de la vertu est un sacrifice continuel, où nos passions, nos goûts, nos penchans, nos intérêts sont immolés.

On immole quelquefois un homme par la raillerie, d’une maniere bien cruelle. Ceux au mépris desquels on expose un de leurs semblables, sont des méchans, s’ils ne sont pas révoltés, & s’ils acceptent froidement le sacrifice qu’on leur offre. Que seroit-ce s’ils en jouissoient avec une joie secrette ?