L’Encyclopédie/1re édition/IMPERIUM

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 593).

IMPERIUM, (Littér.) ce mot qu’on ne peut rendre en françois que par périphrase, & qu’on trouve si souvent dans les auteurs, mérite une explication. Il faut savoir, que lorsqu’il regarde le consul ou le préteur qu’on envoyoit gouverner les provinces, ce consul ou préteur partoit avec deux sortes de puissance, dont l’une se nommoit potestas, & l’autre imperium ; la premiere étoit le droit de jurisdiction sur les personnes ; droit qui étoit déféré par un décret du sénat ; mais la seconde se conféroit par une loi que le peuple assemblé faisoit exprès. Cette derniere puissance consistoit dans un pouvoir suprême donné au consul ou au préteur sur les gens de guerre, comme gens de guerre ; ensorte qu’alors ils avoient sur le militaire pouvoir de vie & de mort, sans forme de procès, & sans appel. Cette grande prérogative se nommoit en un seul mot imperium ; prérogative dont le peuple romain retint toûjours à lui la collation, la continuation, ou prorogation. Quand c’étoient des magistrats ordinaires, qu’il falloit envoyer dans les provinces, le peuple assemblé par curies, leur conféroit ou leur refusoit le pouvoir nommé imperium. De même si c’étoit à quelque personne privée que le gouvernement d’une province fût accordé, par la recommandation de son rare mérite, le peuple s’assembloit par tribus pour lui conférer la puissance nommée imperium. Il résulte de-là, que potestas senatus-consulto, imperium lege deferebatur. (D. J.)