L’Encyclopédie/1re édition/JOB

La bibliothèque libre.
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 866).
◄  JOANNITES
JOBET  ►

JOB, (Théolog.) nom d’un des livres canoniques de l’ancien Testament, ainsi appellé de Job, prince célebre par sa patience & par son attachement à la piété & à la vertu, qui demeuroit dans la terre d’Hus ou dans l’Amite, dans l’Idumée orientale aux environs de Bozra, qu’on croit communément être l’auteur de ce livre qui contient son histoire.

On a formé une infinité de conjectures diverses sur le livre de Job ; les uns ont cru que Job l’avoit écrit lui-même en syriaque ou en arabe, & qu’ensuite Moïse ou quelqu’autre israëlite l’avoit mis en hebreu ; d’autres l’ont attribué à Eliu, l’un des amis de Job, ou à ses autres amis, ou à Moïse, ou à Salomon, ou à Isaïe, ou à quelqu’écrivain encore plus récent. Il est certain que le livre en lui-même ne fournit aucune preuve décisive pour en reconnoître l’auteur. Ce qui paroît incontestable, c’est que celui qui l’a composé étoit Juif de religion & postérieur au tems de Job, qu’on croit avoir été contemporain de Moïse. Il y fait de trop fréquentes allusions aux expressions de l’écriture pour penser qu’elle ne lui ait pas été familiere.

La langue originale du livre de Job est l’hébraïque, mais mêlée de plusieurs expressions arabes & chaldéennes, & de plusieurs tours qui ne sont pas connus dans l’hébreu, ce qui rend cet ouvrage obscur & difficile à entendre. Il est écrit en vers libres quant à la mesure & à la cadence, vers dont la principale beauté consiste dans la grandeur de l’expression, dans la hardiesse & la sublimité des pensées, dans la vivacité des mouvemens, dans l’énergie des peintures, & dans la variété des caracteres, parties qui s’y trouvent toutes réunies dans le plus haut degré.

Quant à la canonicité du livre de Job, elle est reconnue généralement dans les églises grecques & latines, elle y a toujours passé comme un article de foi, & ce sentiment est venu de la synagogue à l’église chrétienne. Les Apôtres l’ont cité. Théodore de Mopsueste le critiquoit, mais sur une version grecque, qui faisant quelques allusions à la fable ou à l’histoire poétique, n’étoit pas exactement conforme au texte hébreu. Quelques-uns accusent Luther & les Anabatistes de rejetter le livre de Job, mais Scultet & Spanheim tâchent d’en justifier Luther. On peut consulter sur ce livre le commentaire de Pineda, celui de Dom Calmet, & l’histoire de Job par M. Spanheim. Calmet, Dictionn. de la Bible, tom. II. lettre J. au mot Job, pag. 386.