L’Encyclopédie/1re édition/KHAN

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KHAN, s. m. (Hist. mod.) édifice public en Turquie pour recevoir & loger les étrangers.

Ce sont des especes d’hôtelleries bâties dans les villes & quelquefois à la campagne ; ils sont presque tous bâtis sur le même dessein, composés des mêmes appartemens, & ne différent que pour la grandeur.

Il y en a plusieurs à Constantinople, dont le plus beau est le Validé khana, ainsi nommé de la sultane Validé ou mere de Mahomet IV, qui le fit construire : le chevalier d’Arvieux en fait la description suivante dans ses mémoires tom. IV ; & elle suffira pour donner au lecteur une idée des autres khans.

C’est, dit cet auteur, un grand bâtiment quarré, dont le milieu est une vaste cour quarrée, environnée de portiques comme un cloître ; au milieu est un grand bassin avec une fontaine : le rez-de-chaussée derriere les portiques, est partagé en plusieurs magasins, où les négocians mettent leurs marchandises. Il y a un second cloître au premier étage, & des chambres dont les portes donnent sur le cloître ; elles sont assez grandes, toutes égales ; chacune a une cheminée. On les loue tant par jour ; & quoique le loyer soit assez modique, le khan ne laisse pas de produire considérablement à ses propriétaires. Deux jannissaires en gardent la porte, & on y est dans une entiere sûreté. On respecte ces lieux comme étant sous la protection de la foi publique. Tout le monde y est reçu pour son argent ; on y demeure tant qu’on veut, & l’on paye son loyer en rendant les clés. Du reste on n’y a que le logement ; il faut s’y pourvoir de meubles & d’ustenciles de cuisine : les Levantins la font eux-mêmes & sans beaucoup d’apprêts. Les murailles de ces khans sont de pierre de taille ou de brique fort épaisses, & toutes les chambres, magasins & corridors voûtés, le toît en terrasse bien carrelé, en sorte qu’on n’y craint point les incendies.

Khan. On donne aussi en Turquie ce nom à de petits forts ou châteaux fortifiés, bâtis sur les grandes routes & à distance des villes, pour servir de refuge aux voyageurs. Le chevalier d’Arvieux, dans ses mémoires, dit qu’il y en avoit deux aux environs d’Alep, dont un est ruiné.