L’Encyclopédie/1re édition/LERNE

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LERNE, (Géog. anc. Mythol. & Litt.) marais du Péloponnese, au royaume d’Argos.

Il est celebre dans les tems fabuleux, par le meurtre des fils d’Œgyptus ; car ce fut-là, dit Pausanias, l. II. c. xxjv. que les filles de Danaüs, leurs fiancées, les égorgerent, & leurs corps y furent inhumés, mais leurs têtes furent portées à Argos, & l’en y montroit leur sépulture, sur le chemin de la citadelle.

Lerne n’est pas moins célebre dans les écrits des Poëtes, par cette hydre à sept têtes, dont Hercule triompha ; ce qui signifie, nous disent les Mythologistes, autant de sources qui se perdoient dans ce marais, & qu’Hercule détourna pour le dessécher.

Quoi qu’il en soit, ce lieu étoit réputé mal-sain, & les assassinats qu’on y avoit commis, obligerent plusieurs fois de le purifier. Ce sont ces purifications, qui suivant Strabon, donnerent naissance à une expression proverbiale, Λέρνη κακῶν, Lerne de maux, expression, ajoute ce géographe, que les modernes interpretes des proverbes, comme Zénobius, Diogénianius, & autres, ont prétendu expliquer, en supposant qu’on voituroit à Lerne tous les immondices d’Argos.

Le marais de Lerne s’écouloit dans une petite riviere qui entrant dans la Laconie, portoit ses eaux dans la mer, & au nord de son embouchure.

Entre la riviere de Lerne & les confins d’Argos, étoit une petite ville du même nom Lerna, que le marais & la riviere. C’est du moins de cette maniere, que M. de Lisle, dans sa belle carte de l’ancienne Grece, concilie les divers auteurs qui parlent de Lerne, les uns comme ville, d’autres comme riviere, & d’autres enfin comme un marais infect & mal-sain. M. l’abbé Fourmont en 1729, n’a vû ni ville, ni riviere, ni marais, mais une simple fontaine qu’on nomme Lerne, & qui est à 200 pas de la mer.