L’Encyclopédie/1re édition/LEZARD

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LEZARD, s. m. (Hist. nat. Icthiolog.) poisson de mer qui a été ainsi nommé, parce qu’il a une belle couleur verte, & qu’il ressemble au lézard de terre par la forme du corps & de la bouche ; il a la tête grosse, la bouche ouverte, & les dents pointuës ; il devient long d’une coudée. Rondelet, hist. des poissons, liv. XV. Voyez Poisson.

Lézard écailleux, lacertus indicus squamosus. Bont. animal quadrupede qui a trois ou quatre piés de longueur, & même jusqu’à six piés, selon Seba. Il a la tête oblongue & la bouche petite ; la langue est très-longue & cylindrique : l’animal la fait sortir au-dehors pour attirer dans sa bouche les insectes dont il se nourrit. Il n’a point de dents : on ne distingue pas le cou ; la queue est à-peu-près aussi longue que le corps : les doigts sont au nombre de cinq à chaque pié ; ils ont chacun un grand ongle. Le dessous & les côtés de la tête, le dessous du corps & la face interne des jambes, sont couverts d’une peau molle parsemée de quelques poils. Les autres parties sont revêtues de grandes écailles arrondies, striées & rousses ; il y a par-dessous quelques gros poils de même couleur : les écailles de la tête sont moins grandes que les autres. Cet animal se pelotonne en appliquant sa tête & sa queue contre son ventre : on le trouve au Brésil & dans les îles de Ceylan, Java & Formose. Voyez le regne animal par M. Brisson, qui donne au lézard écailleux le nom de pholidote, & qui fait mention d’une seconde espece sous le nom de pholidote à longue queue. Lacertus squamosus peregrinus, Rau : celui-ci n’a que quatre doigts à chaque pié, &c.

Lézard d’Amérique, (Hist. nat.) Les îles de l’Amérique sont remplies d’une prodigieuse quantité de lézards de toutes les sortes. Le plus gros de ces reptiles, qu’on nomme à cet effet gros lézard, se tient dans les bois aux environs des rivieres & des sources d’eau vive ; on en rencontre qui ont près de cinq piés de longueur depuis le bout du nez jusqu’à l’extrémité de la queue. Toutes les parties de l’animal sont couvertes d’une peau rude, écailleuse, de couleur verte, marquée de petites taches brunes : son corps est porté sur quatre fortes pattes armées chacunes de cinq griffes. Sa tête est moyennement grosse ; il a la gueule fendue, les yeux gros & perçans, mais le regard farouche & colere ; il porte le long de l’épine du dos, depuis le col jusqu’à la naissance de la queue, une membrane mince, seche, élevée d’environ un pouce, & découpée en plusieurs pointes à-peu-près comme les dents d’une scie. Sous la gorge est une autre membrane plus déliée, un peu jaunâtre & comme chiffonnée : c’est une espece de poche qui s’enfle & s’étend lorsque l’animal se met en colere. Sa queue est forte, souple, traînante, diminuant d’une façon uniforme jusqu’à son extrémité comme un fouet de baleine ; elle est fort agile, & cause une sensation très-douloureuse à ceux qui en sont frappés.

La morsure du lézard n’est point venimeuse ; on doit cependant l’éviter, car l’animal est opiniâtre & ne quitte point qu’il n’ait emporté la piece ; il a la vie dure & résiste aux coups de bâton. Les femelles sont plus petites que les mâles ; la couleur verte de leur peau est beaucoup plus belle, & paroît comme surdorée. Après qu’elles ont été fécondées, on leur trouve dans le corps un assez bon nombre d’œufs gros comme ceux de pigeons, un peu plus allongés & d’égale grosseur par les deux bouts ; ils ont la coque blanche, unie & molle, n’ayant pas plus de consistence qu’un parchemin humide : ces œufs sont totalement remplis de jaune, sans aucun blanc ; ils ne durcissent jamais, quelque cuisson qu’on leur donne ; ils deviennent un peu pâteux, & n’en sont pas moins bons : on s’en sert souvent pour lier les sauces que l’on fait à la chair du lézard, qui peut aussi s’accommoder en fricassée de poulets. Cette chair est blanche, délicate & d’un assez bon goût ; on prétend qu’elle subtilise le sang par un long usage, & l’on croit avoir remarqué que ceux qui s’en nourrissent n’engraissent jamais.

Petit lézard des îles. Il s’en trouve de plusieurs sortes que l’on nomme en général anolis, pour les distinguer de la grande espece dont on vient de parler.

Le gros anoli que les Negres appellent aussi arado, fréquente les bois & les jardins ; sa longueur totale est d’environ un pié & demi ; sa queue traine à terre, ainsi que celle de tous les lézards ; il a les pattes de devant plus hautes & moins écartées que celles de derriere ; la peau qui lui couvre le dos est grise, rayée de brun & d’ardoise, & celle de dessous le ventre est toute blanche. Cet animal a beaucoup d’agilité : il se nourrit d’herbes, de fruits & d’insectes.

Anoli de terre. Celui-ci est beaucoup plus petit que le précédent ; il n’excede guere la longueur de six à sept pouces. Sa peau est brune, rayée de jaune le long des flancs, & parsemée de très-petites écailles luisantes. On le prendroit pour un petit serpent, tant ses pattes sont petites & si peu apparentes qu’on ne les apperçoit que de fort près. Il se montre peu, & se tient presque toujours sous terre ou dans des souches d’arbres pourris.

Gobe-mouche Cette espece est encore plus petite, mais très-jolie & moins farouche que les autres. Son agilité est extrème : elle a la peau ou d’un verd gai, ou d’un gris cendré, varié de marques blanches & brunes. On en voit une grande quantité dans les jardins & même dans les appartemens, s’occuper à faire la chasse aux mouches & aux autres insectes.

Roquets. Ils ont quelquefois huit à neuf pouces de longueur, leur couleur est grise, mouchetée de brun & de noir ; mais ce qui les distingue le plus des autres lézards, c’est qu’ils ont la queue un peu recourbée en-dessus, au lieu de l’avoir droite & trainante.

Maboya ou mabouya. C’est le plus vilain de tous les lézards : aussi les Caraybes ont-ils cru devoir lui imposer le nom qu’ils donnent au démon ou mauvais esprit. Le mot mabouya est aussi employé par ces sauvages pour exprimer toutes les choses qu’ils ont en horreur.

Le reptile dont il est question n’a guere plus de sept à huit pouces de longueur ; il est stupide, pesant, applati & comme collé sur les corps qu’il touche. Sa tête paroît écrasée, ayant deux gros yeux ronds sortant en-dehors d’une façon difforme. Il a les pattes grosses, courtes, très-écartées, & armées de griffes toujours ouvertes. Sa peau est flasque, jaunâtre & couverte de taches livides, hideuses à voir. Le maboya se gîte dans les plantations de bananiers, dans les souches d’arbres pourris, sous les pierres & dans les charpentes des maisons. Il jette par intervalle un vilain cri semblable au bruit d’une petite cresselle qui seroit agitée par secousses. On craint sa morsure ; & l’on prétend que s’il s’applique sur la chair il y cause une sensation brûlante, mais je n’ai jamais vû personne qui en ait ressenti l’effet. (M. le Romain.)

Lézard, (Mat. med.) Le lézard appliqué extérieurement passe pour faire sortir les corps étrangers hors des plaies, & pour attirer le venin des morsures ou piqures des animaux venéneux. L’onguent fait avec sa chair, est regardé comme un remede contre l’alopécie ; mais ces prétentions ne sont pas moins frivoles que la plûpart de celles qu’on trouve dans tant d’auteurs de medecine, sur les vertus medicinales des animaux.

On fait entrer la fiente de lézard séchée dans les poudres composées pour les taies des yeux.