L’Encyclopédie/1re édition/LIBITINE

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LIBITINE, Libitina, (Littérat.) déesse qui présidoit aux funérailles. Elle fut ainsi nommée, non parce qu’elle ne plaît à personne, quia nemini libeat, comme disent les partisans de l’antiphrase, mais par ce qu’elle nous enleve quand il lui plaît, pro libitu ; cette déesse étoit la même que Vénus Infera ou Epithymbia des Grecs, dont il est fait mention parmi les dieux infernaux dans quelques anciennes épitaphes.

Elle avoit un temple à Rome où l’on louoit, où l’on vendoit tout ce qui étoit nécessaire aux funérailles, & l’on donnoit une certaine piece d’argent pour chaque personne qu’on enterroit ou que l’on portoit au bucher. On mettoit cet argent dans le trésor de Libitine, c’est-à-dire de ses prêtres ; ceux qui étoient préposés pour le recevoir, écrivoient sur un registre le nom de chaque mort pour lequel on payoit cette espece de tribut, & ce registre s’appelloit le registre de Libitine, Libitinæ ratio.

Le roi Servius Tullius avoit établi cet usage, qui servoit chaque année à faire connoître le nombre des morts dans la ville de Rome, & par conséquent l’accroissement ou la diminution de ses habitans. C’est aussi par ce tribut que les revenus des prêtres de Libitine grossissoient dans les tems de mortalité ; Suétone écrit que sous le regne de Néron, il y eut une automne si funeste, qu’elle fit porter trente mille pieces d’argent au trésor de Libitine.

Cette divinité donna son nom au temple qui lui étoit dédié, aux prêtres qui la servoient, aux gens qui vendoient sous leurs ordres les choses nécessaires aux funérailles, à une porte de Rome par laquelle on sortoit les cadavres hors de la ville, enfin au brancart sur lequel on portoit les corps à leur sépulture. (D. J.)

Libitine porte, (Littérat.) libitinensis porta, Lamprid. Porte de l’amphitéatre des Romains, par laquelle on sortoit les corps des gladiateurs qui avoient été tués dans les jeux publics ; on l’avoit ainsi nommée du même nom d’une autre grande porte de Rome, par laquelle on portoit les morts hors de la ville. (D. J.)