L’Encyclopédie/1re édition/LIBYE la

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LIBYE la, (Géog. anc.) Les Grecs ont souvent employé ce mot pour désigner cette partie du monde que nous appellons présentement Afrique, qui n’étoit alors que le nom d’une de ses provinces. Les poëtes latins se sont conformés à cet usage, & ont pris la Libye pour l’Afrique en général, ou pour des lieux d’Afrique qui n’étoient pas même de la Libye proprement dite. Virgile dit dans son Ænéide, l. I. v. vij.

Hinc populum latè regem, belloque superbum
Venturum excidio Libyæ.

On voit bien que le poëte parle ici de Carthage favorisée de Junon, & dont la ruine devoit être l’ouvrage des Romains.

Il y avoit cependant en Afrique des pays auxquels le nom de Libye étoit propre dans l’esprit des Géographes : telle étoit la Maréotide, ou la Libye maréotide, pays situé entre Alexandrie & la Cyrénaïque. Cette Libye répondoit en partie à la Marmarique de Ptolomée.

Ce géographe, l. IV. c. jv. appelle aussi Lybie intérieure, un vaste pays d’Afrique, borné au nord par les trois Mauritanies & la Cyrénaïque, & par l’Ethyopie ; au midi, par le golfe de l’Océan, qui est aujourd’hui le grand golfe de Guinée. Nous sommes dispensés d’insérer ici le chapitre ou Ptolomée traite de ce pays, 1°. parce qu’il est très-long, & que nous devons être très-concis. 2°. Parce que du tems de Ptolomée on n’avoit qu’une connoissance très-superficielle de ce pays, & que de nos jours nous ne sommes guere plus éclairés. Nous remarquerons seulement que la Libye étoit anciennement un des greniers de l’Italie, à cause de la grande quantité de blé qu’on en tiroit. Elle en fournissoit à Rome quarante millions de boisseaux par an, pour la subsistance pendant huit mois de l’année.