L’Encyclopédie/1re édition/LIMONIER

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Daubenton ()
(Tome 9p. 545-546).
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LIMONIER, s. m. (Hist. nat. Bot.) limon, genre de plante dont les feuilles & les fleurs ressemblent à celles du citronier, mais dont le fruit a la forme d’un œuf & la chair moins épaisse ; il est divisé en plusieurs loges qui sont remplies de suc & de vésicules, & qui renferme des semences. Ajoûtez à ces caracteres le port du limonier qui suffit aux jardiniers pour le distinguer de l’oranger & du citronnier. Tournefort, inst. rei herb. voyez Plante.

Limonier, limon, arbre toujours verd, de moyenne grandeur, qui vient de lui-même dans les grandes Indes, & dans l’Amérique méridionale. Dans ces pays, cet arbre s’éleve à environ trente piés, sur trois ou quatre de circonférence. Il est toujours tortu, noueux, branchu & très-mal-fait, à moins qu’il ne soit dirigé dans sa jeunesse. Son écorce est brune, seche, ferme & unie. Ses feuilles sont grandes, longues & pointues, sans aucun talon ou appendice au bas. Elles sont fermes, lisses & unies, d’un verd tendre & jaunâtre très-brillant. L’arbre donne pendant l’été des fleurs blanches en dedans, purpurines en dehors ; elles sont rassemblées en bouquets, & plus grandes que celles des orangers & des citronniers. Le fruit que produit la fleur est oblong, terminé en pointe, & assez semblable pour la forme & la grosseur à celui du citronnier ; si ce n’est qu’il a des verrucités ou proéminences qui le rendent plus ou moins informe. Sous une écorce jaune, moëlleuse & épaisse, ce fruit est divisé en plusieurs cellules, rempli d’un suc aigre ou doux, selon la qualité des especes ; & ces cavités contiennent aussi la semence qui doit multiplier l’arbre. C’est principalement par la forme irréguliere de son fruit qu’on distingue le limonier du citronier ; & on fait la distinction de l’un & de l’autre d’avec l’oranger, par leurs feuilles qui n’ont point de talon ou d’appendice. Cet arbre est à-peu-près de la nature des orangers, mais son accroissement est plus prompt, ses fruits viennent plutôt à maturité ; il est un peu plus robuste, & il lui faut des arrosemens plus abondans. La feuille, la fleur, le fruit, & toutes les parties de cet arbre ont une odeur aromatique très-agréable.

Les bonnes especes de limons se multiplient par la greffe en écusson, ou en approche sur des limons venus de graine, ou sur le citronnier ; mais ces greffes viennent difficilement sur des sujets d’oranger. A cet égard le citronnier est encore ce qu’il y a de mieux, parce qu’il croît plus vîte que le limonier, & cette force de seve facilite la reprise des écussons, & les fait pousser vigoureusement. Il faut à cet arbre même culture & mêmes soins qu’aux orangers : ainsi, pour éviter les répétitions, voyez Oranger.

Les especes de limons les plus remarquables sont ;

Le limon aigre & le limon doux : ce sont les especes les plus communes.

Le limonier à feuilles dorées, & celui à feuilles argentées. Ces deux variétés sont délicates ; il leur faut quelques soins de plus qu’aux autres pour empêcher leurs feuilles de tomber.

Le limon en forme de poire ; c’est l’espece la plus rare.

Le limon impérial ; ce fruit est très-gros, très-beau, & d’une agréable odeur.

La pomme d’Adam. Cette espece étant plus délicate que les autres, demande aussi plus de soins pendant l’hiver, autrement son fruit seroit sujet à tomber dans cette saison.

Le limonier sauvage. Cet arbre est épineux ; ses feuilles sont d’un verd foncé, & joliment découpées sur ses bords.

Le limon sillonné. Ce fruit n’est pas si bon, & n’a pas tant de suc que le limon commun.

Le limon double. Cette espece est plus curieuse que bonne : ce sont deux fruits réunis, dont l’un sort de l’autre.

La lime aigre & la lime douce, sont deux especes rares & délicates, auxquelles il faut de grands soins pendant l’hiver, si on veut leur faire porter du fruit.

Le limonier à fleur double. Cette production n’est pas bien constante dans cet arbre ; il porte souvent autant de fleurs simples que de fleurs doubles.

Si l’on veut avoir de plus amples connoissances de ces especes de limons, ainsi que de beaucoup d’autres variétés que l’on cultive en Italie, on peut consulter les hespérides de Ferrarius, qui a traité complettement de ces sortes d’arbres. Article de M. d’Aubenton.

Limonier, (Maréchallerie.) on appelle ainsi un cheval de voiture attelé entre deux limons. Voyez Limon.