L’Encyclopédie/1re édition/LINGONS

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LINGONS, (Géogr. anc.) Lingones dans Tacite, nom d’un ancien peuple & d’une ancienne province de France, aujourd’hui le Langresi. César est le premier qui ait fait mention de ce peuple ; il leur ordonne de lui fournir du froment qu’ils recueilloient en abondance, au rapport de Claudien, II. stilic, v. 94. Strabon a corrompu le nom des Lingones, car tantôt il les appelle Liggones, & tantôt Lincasii.

Ces peuples, aussi-bien que les Ædni, eurent le titre d’alliés des Romains ; ce qui fait que Pline les appelle Lingones fœderati. De son tems ils étoient attribués à la Gaule belgique, & dans la suite ils furent mis dans la Gaule celtique. Comme ils sont situés au milieu de ces deux Gaules, il n’est pas étonnant qu’ils aient été attribués tantôt à l’une, tantôt à l’autre.

Tacite, hist. liv. I. fait mention de civitas Lingonum ; mais par le mot civitas on ne doit point entendre la capitale seulement, il faut entendre tout le pays, solum Lingonicum, comitatum Lingonicum, pagum Lingonicum, qui étoit très-opulent au rapport de Frontin, & qui fournit 70 mille hommes armés à l’empereur Domitien.

Aussi met-on sous la dépendance des anciens Lingons une grande quantité de pays ; savoir le pays des Altuarii, le Duesnois, le Léçois, le Dijénois (aujourd’hui le Dijonois), l’Onchois, le Tonnerrois, le Bassigny, le pays de Bar-sur-Seine & de Bar-sur-Aube : du-moins presque tous ces pays étoient compris anciennement sous la dénomination de pagus Lingonicus. Son état présent est bien différent ; il fait seulement une partie de la généralité & du gouvernement de Champagne, quoique le diocèse de l’évêque s’étende plus loin. Voyez Langres.

Il ne faut pas confondre les Ligones de la Gaule belgique ou celtique, avec les Ligones, peuples de la Gaule cispadane : ceux-ci tiroient leurs noms des Gaulois, Ligons, qui avoient passé en Italie avec les Boiens. leur pays n’étoit pas considérable ; ils étoient séparés des Veneti par le Pô, de la Toscane par l’Apennin, des Boïens, au couchant, par la riviere d’Idice, & étoient bornés à l’orient par le fleuve Montone. L’on voit par-là que leur territoire comprenoit une partie du Bolognèse, de la Romagne propre, & de la Romagne florentine. (D. J.)