L’Encyclopédie/1re édition/LOUGH-NEAGH

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LOUGH-NEAGH, (Hist. nat.) ce mot signifie lat de Neagh. C’est le nom d’un lac fameux d’Irlande, situé au nord de cette île, entre les comtés d’Antrim, de Tyrone & d’Ardmach. Il a environ trente milles, c’est-à-dire dix lieues de longueur ; & quinze milles, c’est-à-dire cinq lieues de largeur. Il est remarquable par la propriété que quelques auteurs lui ont attribuée de pétrifier & de changer même en fer les corps que l’on y jette. On a, dit-on, observé qu’en enfonçant des pieux de bois dans ce lac, ils étoient au bout d’un certain tems pétrifiés dans la partie qui avoit été enfoncée dans l’eau, tandis que la partie qui étoit restée hors de l’eau, restoit combustible, & dans l’état d’un vrai bois. M. Barron a examiné ce phénomene avec une attention particuliere, & il a trouvé que ce n’est point une incrustation ou un dépôt qui se fait à l’extérieur du bois, comme M. de Buffon l’a cru, mais toute la substance est pénétrée du suc lapidifique & changée en pierre. Les bois pétrifiés que l’on tire de ce lac, sont de deux especes ; il y en a qui se changent en une pierre blanche, légere, poreuse & propre à aiguiser les outils. On trouve d’autres bois changés en une pierre noire, dure, pesante, dans laquelle il y a souvent soit à sa surface, soit à son intérieur, des parties ligneuses qui n’ont point été changées en pierre. Ces deux especes de bois pétrifiés conservent le tissu ligneux, & font feu lorsqu’on les frappe avec de l’acier ; elles soutiennent le feu le plus violent sans se calciner ni se changer en verre ; la seconde espece, après avoir été calcinée, devient blanche, légere & poreuse comme la premiere. On croit que c’est du bois de houx qui a été ainsi pétrifié ; mais il paroît que c’est plûtôt un bois résineux, car on dit qu’il répand une odeur agréable lorsqu’on le calcine. Quelques gens ont cru que cette pétrification se faisoit en sept ans de tems, mais ce fait ne paroît point constaté.

La pétrification ne se fait pas seulement dans le lac de lough Neagh, mais encore elle se fait dans la terre qui en approche jusqu’à huit milles de distance, & l’on y trouve des amas de bois enfouis en terre, & parfaitement pétrifiés. Voyez Barton, philosophical lectures.

Boyle dit dans son traité sur l’origine des pierres précieuses, que dans le fond du lac de Neagh, il y a des rochers où sont attachées des crystallisations de différentes couleurs.